Test de Persona 3 Reload – Encore une grosse cartouche chez Atlus
Après avoir bien essoré le cinquième volet de la série avec nombre de spin-offs plus ou moins réussis, et sorti le portage très attendu de Persona 4 Golden sur toutes les dernières machines, le studio affilié à SEGA dégaine un gros remake de Shin Megami Tensei: Persona 3 sorti à l’origine sur PlayStation 2. Pour un nouveau coup dans le mille.
Le garçon au métier secret
Il existe une heure secrète, cachée à minuit pile pendant laquelle la grande masse des gens sont « endormis » dans des cercueils et à l’issue de laquelle ils reprennent ce qu’ils étaient en train de faire sans même avoir conscience de ce délai, comme si cela n’avait jamais existé. Comme un bruit n’existerait peut-être pas si personne n’en a conscience (de la fameuse énigme « Un arbre fait-il du bruit quand il tombe si personne n'est là pour l'entendre ? »), cette heure passerait sous silence si ce n’était une poignée de personnes éveillées au pouvoir de leur Persona et qui peuvent donc arpenter le monde au milieu de cercueils posés çà et là dans des positions parfois incongrues. C’est évidemment le cas du protagoniste de l’histoire que l’on incarne dans ce nouveau volet de la série Persona, et on rejoint très (trop ?) vite une organisation secrète luttant contre les Ombres se glissant dans l’heure sombre - la S.E.E.S. (ou Section d’Exécution Extrascolaire Spécialisée). Et à nouveau, en tant que lycéen modèle il faudra conjuguer traque des Ombres vicieuses et vie de lycéen, entre études et développement de relations scolaires et extrascolaires.Et… Voilà, c’est à peu près tout ce qu’on sait en début de jeu et on en apprendra évidemment un peu plus sur l’origine de la S.E.E.S. et des Ombres, à base d’expérimentations impies et d’appétits de pouvoir par de riches conglomérats, mais j’ai tout de même eu une petite impression de « c’est comme ça » avec un parachutage au milieu de l’action sans vraiment trop de contexte. Aussi, on n’en sait pas beaucoup plus sur la façon dont sont financées ces opérations, comment ça se fait qu’un policier soit dans le coup, quid des dirigeants Japonais… Quand bien même il est publiquement reconnu au journal télévisé qu’une épidémie de « syndrome apathique » paralyse progressivement le public en créant une masse de personnes statiques et grommelantes appelées les Égarés. Non, on saura juste qu’une recrue potentielle a été détectée, tiens une tenue, un brassard et un (faux) flingue et hop t’es embarqué sur le terrain. Tout de même un peu frustrant qu’on n’ait pas plus d’informations et d’explications sur les conséquences sociales et politiques de telles menaces comme on a pu avoir dans Persona 5, même si le jeu est déjà très verbeux de nature.
Le magnum de la colère
Mais revenons à nos moutons noirs : les Ombres gagnent en puissance à mesure que la Lune devient pleine et le calendrier scolaire est habilement cadencé autour des pleines lunes où la soirée sera immanquablement dédiée à la chasse aux Ombres majeures correspondant aux cartes du Tarot. Entre chacun de ces affrontements sélénites, l’équipe grimpe plus de 260 étages d’une tour massive, le Tartare, apparaissant chaque nuit à l’heure sombre au niveau du lycée Gekkoukan où étudie le protagoniste (comme ça tombe bien !). Il est nécessaire de monter cette tour peuplée d’Ombres inférieures et de boss comme tout bon Persona et on ne peut débloquer de sections supplémentaires qu’après les opérations de pleine lune. Il arrive qu’on soit sollicité pour sauver un humain ou un chat perdu dans le Tartare, arrivé là on ne sait comment (surtout dans les niveaux supérieurs, ils ont trouvé le raccourci de Cassios ou bien ?). C’est l’occasion de passer des heures à grinder levels et acquisition de Personae, objets à vendre ou matériaux et bijoux variés pour crafter quelque nouvel équipement…
Alors déjà, je préviens, personnellement j’ai découvert Persona 3 avec ce remake, n’ayant fait ni P3, ni P3: FES ni P3P (même si ma Vita prend la poussière, hum). Donc question histoire, j’ai suivi ce P3R avec les yeux de quelqu’un ayant auparavant seulement joué aux quatrième et cinquième volets de la série. D’où ma frustration sur le background un peu inexploité dans Persona 3 et aussi (même si j’étais déjà au fait de cela ayant déjà précédemment été tenté par acheter P3P sur Vita), la manière d’invoquer sa Persona, si particulière dans cet épisode : muni d’un faux pistolet appelé Evoker, les utilisateurs de Personae manifestent leurs pouvoirs en… se tirant dans la tête. Il faut avouer que ça reste un choix de design surprenant, mais cela représenterait un moyen de faire monter ses émotions en se mettant la pression avec une expérience façon mort imminente, pour que sa Persona déchaîne sa puissance. C’est aussi complètement lié au thème du jeu, la mort (ainsi que son acceptation), mais je n’en dirai pas plus pour vous laisser découvrir cela…
Le glas du destin
La Velvet Room est toujours de la partie, avec le bon Igor aux commandes accompagné de la charmante Elizabeth en hôtesse pourvoyant des quêtes et indications sur le Tartare. Remplir le compendium est encore un long challenge avec toutes les fusions possibles ; attention, il est possible de rater les clés de certaines fusions, en raison de l’histoire elle-même comme de l’échec d’amélioration max des liens sociaux (j’en ai fait la douloureuse expérience) ! Elizabeth et Igor encourageront le développement de ces liens avec camarades de classes et certains personnages rencontrés dans la ville, d’une petite fille aux parents en instance de divorce au couple âgé tenancier de la librairie en passant par un lycéen amoureux de sa prof… Si, dans l’ensemble, les liens sociaux ont du sens, d’autres sont un peu plus… Surprenants (je pense à Mutatsu le moine en boîte de nuit, ou justement Maiko la petite fille avec une histoire basée sur « une enfant qui joue avec un lycéen inconnu parce qu’il lui offre de la bouffe » comme point de départ, euh…).Il est facile de rater l’objectif de compléter tous les liens sociaux lors d’une première partie, quand il faut jongler entre activités scolaires, développement de caractéristiques personnelles, mais aussi rencontres et sorties avec ses collègues de la S.E.E.S. qui peuvent développer de nouvelles capacités et de nouveaux pouvoirs dont de Théurgie, qui fait son introduction dans ce remake : il s’agit de pouvoirs façon furies pouvant faire de massifs dégâts ou buffer alliés comme débuffer ennemis, avec une jauge se chargeant progressivement selon des conditions spécifiques à chacun : Mitsuru peut charger la sienne en infligeant (ou en se voyant infliger) une anomalie de statut ; Junpei en infligeant des coups critiques ; Yukari en utilisant des pouvoirs de guérison… Un gros changement dans le gameplay, mais qui n’est pas le seul apport dans ce remake.
Départ pour l'enfer
En dehors de l’énorme travail très réussi sur la partie graphique du jeu (chara-designs et modèles 3D largement rehaussés, remise à niveau de l’interface bienvenue, et animations forcément revues avec une excellente qualité), le gameplay a connu d’autres mises à jour que la Théurgie : à la façon de Persona 5, il est par exemple possible d’enchaîner avec un autre membre d’équipe en cas de coup critique ou de faiblesse exploitée, avec un assaut général à la clé si tous les ennemis sont KO. Ici, comme dans Persona 3: Portable, il est possible de contrôler les actions de tous les personnages de l’équipe (ce qui n’était pas possible dans le jeu originel). Le tirage de cartes a aussi été corrigé, en laissant la possibilité de choisir soi-même la carte voulue, ce qui est clairement bienvenu quand on ne veut pas tirer certaines cartes parfois bien inutiles, surtout au niveau des atouts du Tarot…
De nouvelles scènes ont été ajoutées en plus d’interactions avec les autres personnages, histoire de varier un peu certaines journées et éviter la monotonie. En revanche, comme ici il n’y a exclusivement que le protagoniste « garçon », les liens sociaux avec les autres mecs de l’équipe ont été esquivés, mais peuvent cependant être l’objet de certaines sorties entre potes pouvant mener à des boosts de stats par exemple ou des éveils de Personae… à ne clairement pas négliger donc. Mais exit la « feMC » (female MC) de P3P et les seuls love interests du jeu sont ainsi (la plupart des nanas du jeu…) pour le protagoniste mec, le producteur Ryoma Niitsuma ayant exprimé l’idée de se rapprocher du jeu originel même si des emprunts ont été faits à P3:FES et P3P.
Aussi, la bande-son a eu une grosse révision côté musiques avec gros remixes et nouvelles chansons, dont un nouveau thème pour les combats et une sublime intro avec la chanson Full Moon Full Life interprétée par Azumi Takahashi et Lotus Juice. Un boulot indéniablement de qualité et des musiques qui restent en tête sans la casser quand on arpente des niveaux de Tartare qui sont, et c’est bien dommage, assez monotones dans leur manque flagrant de diversité. Mention spéciale à la section Harabah et ses couleurs qui pètent les yeux sur une grosse cinquantaine d’étages…
Amour et haine
Avant d’en venir à ma conclusion, je m’excuse pour ce large retard dans le test en raison d’un emploi du temps limité, et surtout… Une centaine d’heures pour venir à bout d’un playthrough, mine de rien c’est de la bonne durée de vie ! Mais comme on a pu le subir dans Persona 5, ce remake souffre aussi d’un petit mois bien longuet avec des activités assez réduites si on a fait le max d’efforts dans le reste du calendrier et il s’avère que c’est surtout le dernier mois de jeu (en ce qui me concerne) qui donne cette impression qui perdure après avoir fini le jeu. Et c’est très dommage, car pour un remake, Atlus n’a pas fait les choses à moitié comme déjà expliqué précédemment ; le jeu est beau, fluide, long, bien terminé, mais n’échappe pas à certains écueils comme le manque de profondeur de certains liens sociaux qui semblent sortis de nulle part ou un lore à peine expliqué et qui aurait sans doute mérité d’être plus approfondi.
Et c’est aussi sans compter le DLC annoncé il y a quelques jours avec l’ « Episode Aegis » de Persona 3 FES (aussi connu sous le nom « The Answer »), qui devra être acquis dans un pack d’extensions dont le reste ne sera pas utile à l’histoire contrairement à lui… À noter que les abonnés au service Xbox Game Pass Ultimate en bénéficieront sans coût supplémentaire. Au moins cette fois-ci, le jeu ne sera pas revendu plein pot comme P4G ou P5R, mais l’annonce un petit mois après la sortie du jeu laisse tout de même un petit goût amer en bouche.
En définitive, un excellent cru qui a clairement aidé à lancer l'année 2024 chez Atlus, et un Sega décidément très en forme juste après le lancement de Like a Dragon: Infinite Wealth qui a aussi cartonné très fort.
Test réalisé par Bardiel Wyld sur PlayStation 5 à partir d’une version fournie par l’éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation 5, Windows, Xbox One, Xbox Series X|S |
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Genres | J-RPG, jeu de rôle (rpg), asie, japon contemporain |
Sortie |
2 février 2024 |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (3)
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