Shadow Tactics : Blades of the Shogun
Sous les conquêtes successives de Nobunaga Oda, Toyotomi Hideyoshi et surtout Ieyasu Tokugawa, le Japon vit une période de troubles militaires qui s’étend sur les 30 dernières années du XVIe siècle. Mais la victoire éclatante de Tokugawa dans une bataille qui dura plus de 24 heures, la bataille de Sekigahra en 1600, voit l’unification du Japon enfin achevée et sous la main de fer d'Ieyasu Tokugawa, une dynastie qui s’étend sur presque 300 ans naît, créant une nouvelle ère, l’ère Edo.
Shadow Tactics nous place quelques années plus tard dans l’histoire, en 1615, année cruciale dans la consolidation du pouvoir du Shogun sur les terres japonaises. Dans un jeu d’infiltration en temps réel, on dirige 5 personnes avec des capacités très différentes et complémentaires pour mener à bien les désirs du Shogun.
Shadow Tactics : Blades of the Shogun est donc un jeu de stratégie/tactique et d’infiltration dans l’époque trouble des débuts de l’ère Edo. C’est un genre de jeu qui s’est complètement perdu ces dernières années, sinon j’aurais pu dire « Commandos-like », mais je doute que cela parle à tout le monde, malgré le grand succès de la série « commandos » autour des années 2000.
Mais n’allons pas trop vite en besogne et regardons ce titre d’un peu plus près.
Immersif
Shadow Tactics, dès son écran de jeu, nous immerge déjà dans son univers. L’écran titre est épuré et très agréable à l’œil, couplé à une bande-son vraiment excellente (ce qui est d’actualité tout au long du jeu).
Les options sont complètes et les puristes seront aux anges de voir qu’il est possible de mettre les voix en japonais. C’est un détail qui signifie beaucoup pour certains. Il faut bien avouer que le Japon médiéval est une époque qui fait travailler l’imagination populaire et est très en vogue. Le choix de cette époque n’est donc pas anodin : non seulement il possède déjà son public, mais en plus je pense que vue la qualité du rendu, les développeurs eux-mêmes sont friands de cet univers.
On connaît une bonne source au moment de la sécheresse et un ami au moment de l'adversité
/mode proverbe on.
Mais dans ce jeu, c'est un proverbe qui prend tout son sens. Au début, les protagonistes seront des étrangers les uns pour les autres. Mais ils vont vite devenir des amis proches ; une amitié forgée dans le feu de l'action.
Le jeu est vraiment basé sur la complémentarité et la synergie des différents protagonistes que l’on dirige.
Nous avons :
- Hayato, un ninja avec toutes ses ruses et tactiques, un assassin efficace et discret.
- Mugen, un samouraï, véritable bastion de cette équipe. Fort, puissant, capable d’éliminer plusieurs ennemis d’un coup, grande gueule… absolument pas discret pour un sou.
- Takuma, un vieillard à l’œil de faucon, sniper de l’équipe. Il permet d’ouvrir le passage pour ses compagnons, mais est à utiliser avec parcimonie (les balles ne sont pas infinies et la méthode n’est pas vraiment silencieuse).
- Yuki, la gamine des rues, débrouillarde, vive, qui peut poser des pièges au sol et attirer l’ennemi.
- Ako, la maîtresse du camouflage, capable de distraire le plus droit des hommes.
Pour ceux qui connaissent le titre référence « commandos », on est ici dans du schéma classique : les gars de Mimimi Productions n’ont pas inventé quelque chose de révolutionnaire, avec même des petits "copier/coller", comme la lunette de visée de Takuma. Ils se sont basés sur une recette qui fonctionne, qui a fait ses preuves, l’ont mise à leur sauce et l’ont bien présentée. De plus, vu que c’est un genre totalement disparu de nos jours, la repompe n’est absolument pas handicapante et si le genre devait, sous le souffle de ce titre, réapparaître à l’avenir, Shadow Tactics pourra clairement tenir lieu de référence.
Tout ce beau monde doit travailler de concert pour atteindre un objectif donné dans des missions bien précises et variées qui ont pour but de contrer l’apparition d’un ennemi naissant du shogunat, connu sous le nom de « Kage-sama ».
Sachez aussi qu’il n’y a pas qu’une seule voie pour atteindre l’objectif de mission. À vous d’être imaginatif !
Ah, bordel ! (ou tout autre adjectif du même genre)
C’est peut-être la phrase que vous direz le plus souvent dans le jeu. Même en mode normal, le jeu est exigeant et mettra vos méninges à l’épreuve. Dès le premier niveau, qui est pourtant un niveau tutoriel expliquant les commandes du jeu, vous sentez la difficulté et il vous faudra de nombreuses morts pour arriver à la fin de la mission. Mais attention, difficile ne veut pas dire mal équilibré. Bien au contraire ! C’est ce genre de difficulté que l’on demande à un jeu classé dans cette catégorie. Et si vous voulez réussir tous les objectifs secondaires, tout en augmentant la difficulté, je vous promets de longues nuits blanches !
Comme décrit plus haut, le maître mot est infiltration dans un environnement tactique en temps réel. Foncer dans le tas bêtement est synonyme d’échec immédiat. Il vous faudra multiplier les astuces pour parvenir à avancer dans les missions. Sachez toutefois qu’il n’y a pas qu’une solution pour arriver à vos fins. Les moyens sont multiples.
Le jeu est très simple d’utilisation. Clic gauche pour se déplacer à l’endroit sélectionné, 4 touches pour activer les pouvoirs des personnages, clic gauche pour déclencher une action (grappin, pouvoir, sauter), une touche pour s’accroupir, une touche pour courir et une touche pour entrer dans le mode « shadow ». Ce dernier permet de lancer des actions simultanées entre les personnages, comme lancer un shuriken avec Hayato et tirer avec le sniper de Takuma, évitant de ce fait qu’une des deux cibles lance l’alerte, auquel cas… vous êtes mal barré.
Soyez aussi efficace pour planquer les corps, souvent dans les buissons, mais pas que. La touche "H" permet de mettre en évidence tous les objets avec lesquels vous pouvez interagir dans le jeu. Comme lancer un cadavre dans le puits, par exemple. Petit détail : certains personnages ne peuvent pas camoufler des corps, n’étant pas assez forts pour les déplacer, comme Yuki par exemple. Mugen, au contraire, est capable d’en porter deux d’un coup. C’est aussi un critère qu’il vous faudra analyser dans votre progression. Car si un garde ou un civil découvrent le corps au sol, une enquête se lance. Il est possible que ça ne soit pas tout de suite un appel à la garde, certaines morts pouvant paraître « accidentelles », ce qui engendre une petite enquête dans la proximité immédiate du cadavre avant un retour à la normale. Mais s’il s’avère que la mort ne semble absolument pas naturelle, ce qui arrive dans une majorité de cas, on s’en doute bien, l’alerte est lancée et de nombreux autres gardes apparaissent dans l’entourage immédiat du cadavre, mais aussi ailleurs sur la carte, en sortant de baraquements ou autre. Ce n’est donc pas une simple « migration » de soldats, c’est bien un rajout. Et donc, même si vous ne vous êtes pas faits griller, le reste de la mission sera compromise, car les soldats seront bien plus alertes qu’avant la découverte.
En cliquant droit sur un ennemi, vous actionnez sa « vision », ce qui vous permet de voir où il regarde et jusqu’où vous pouvez vous approcher. Ce cône de vision est divisé en deux parties : une partie entièrement verte, proche de l’ennemi et l’extension de celle-ci, comme grillagée, pour la vision plus lointaine ou derrière du couvert léger. Vous pouvez vous déplacer accroupi dans cette zone, mais vous serez repéré si vous effectuez une action ou vous relevez à ce niveau. En restant appuyé sur le bouton droit sur une zone de la carte, vous placez une icône « œil » au sol, ce qui vous permet d’afficher tous les cônes de vision de l’ennemi qui balaie ce point. Pratique pour planifier vos déplacements.
Yuki, où est le piège ?
Ben oui, le jeu n’est pas parfait. Il possède deux petits défauts qui gâchent un peu le plaisir de jeu.
Le plus casse-pied, ce sont les temps de chargement des niveaux. On a bien un message, durant la page de load, qui dit qu’il faut être patient, que le jeu peut avoir l’air d’avoir planté, mais que ce n’est pas le cas et que cela peut durer jusqu’à 1 minute. Mais c’est un mensonge… C’est plus que ça ! Mon PC est moyen de gamme, mais j’ai tout de même de quoi faire tourner n’importe quel jeu en graphismes max ; j’ai 16Gb de mémoire vive, un SDD et un bon DD et le chargement m’a tout de même pris trois à six minutes (selon le niveau). Je sais que j’ai plein de programmes qui tournent en arrière-plan, mais par souci de rigueur, j’ai retenté le coup après un redémarrage clean, en retirant tout programme non essentiel au bon fonctionnement de mon ordinateur et rien n’y fait : cela reste très très long. Malgré l’avertissement, j’étais persuadé que j’avais planté, la première fois.
Ensuite, si les décors, les menus et l’ambiance sonore sont très soignés, très travaillées, on ne peut pas en dire autant des personnages eux-mêmes, dont les traits sont un peu grossiers et qui contrastent un peu trop avec la finesse de leur environnement. De plus, il y a un cruel manque de vie dans l’animation des personnages et c’est encore plus visible chez les ennemis qui, quoi qu’il se passe, mourront de la même façon.
Mais à part ça, franchement… je n’ai rien à redire. Mimimi Productions signe ici un jeu d’excellente facture, soigné, bichonné même, qui risque de faire parler de lui dans les semaines à venir, le jeu sortant officiellement le 6 décembre prochain sur Steam. Et cerise sur le gâteau, il sera disponible sur PC, Mac et Linux. De quoi ravir tout le monde. Le prix n’est pas encore affiché, mais le jeu vaut bien son pesant de cacahuètes ! Vous vous amuserez bien dessus si vous n’avez pas peur de vous creuser la tête.
Test réalisé par Seiei à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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