Test de Warhammer: Chaosbane - Le hack&slash en léger chaos

La licence Warhammer a ceci de particulier qu’elle a bien du mal à se doter de bonnes adaptations en jeux vidéo. Quelques développeurs s’y sont essayé avec succès, bien plus ont échoué. Cette fois, ce sont les français de Eko Software qui s’y collent pour tenter d'offrir un bon hack&slash à la licence. Spoiler alert : encore raté.

La malédiction du chaos

Tout débute alors que les armées du Chaos viennent de subir une cinglante défaite face aux armées de l’Empire, unies derrière Magnus. Celui-ci doit prochainement être proclamé empereur, mais une offensive du Chaos sur la ville de Nuln change la donne. Une sorcière parvient à maudire le futur empereur, le plongeant dans un coma magique avant de disparaître. Pour le sauver, le joueur doit retrouver la sorcière selon un schéma qui se répète durant les quatre chapitres du jeu et que l’on pourrait résumer par « poursuivre un représentant du Chaos durant tout le chapitre jusqu’à sa transformation en boss et l’éliminer, en tuant plus de créatures au passage ». Honnêtement, ça ne vole pas très haut, ce n’est pas toujours très bien doublé et le déroulement de l’histoire ne surprendra pas grand monde. Ça tombe bien : on ne joue pas à un hack and slash pour son scénario.

Ce scénario n'est qu'un écran de fumée
Ce scénario n'est qu'un écran de fumée

Personnage et évolution

Ce qui frappe d’entrée, c’est le relatif classicisme de ce Chaosbane. En termes de choix de difficulté, d’abord. Le jeu propose ainsi cinq difficultés de base et cinq de plus (baptisées Chaos et qui rappellent forcément beaucoup les Tourments de Diablo 3) qui se débloquent à la fin de la campagne. Petite bizarrerie, ces difficultés n’influent pas sur les gains d’expérience, mais uniquement sur le loot, que ce soit d’or, de fragments ou d’équipements. Même classicisme du côté du choix de personnages, avec quatre classes possibles sans même la possibilité de choisir son sexe. Vous devez donc faire votre choix entre un soldat impérial, un assassin nain, un mage haut-elfe ou une éclaireuse elfe sylvain. Toutes ces classes ne sont malheureusement pas égales en termes de sensations de jeu, les deux combattants à distance étant particulièrement mous.

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Toutefois, si la base est classique, le jeu se montre un peu plus inspiré au moment de faire évoluer son personnage. Les compétences, actives ou passives, se débloquent en gagnant des niveaux, en évoluant dans l’arbre des dieux dans lequel vous dépensez les fragments que vous ramassez en tuant des ennemis ou encore en montant votre réputation auprès de la guilde des collectionneurs en offrant les objets qui ne vous intéressent pas. Petite originalité de ce système de progression, ces pouvoirs nécessitent des points de compétences pour être équipés. Des points que vous ne possédez qu’en nombre limité et qui, même s’ils sont remboursés lorsque vous déséquipez une compétence, vous obligent donc à faire des choix, d’autant que les pouvoirs se déclinent en trois niveaux de plus en plus coûteux. Pas de panique toutefois : on finit par trouver des synergies assez sympas entre les pouvoirs actifs et les compétences passives même si on regrette qu’il faille attendre la fin du jeu pour en profiter pleinement. On termine enfin cette partie consacrée aux personnages en signalant que chacun d’entre eux possède en plus une aptitude qui lui est propre, comme la roulade de l’éclaireuse, le grappin de l’assassin ou le coup de bouclier du guerrier.

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Tu ne peux pas te perdre, c’est tout droit

Si le jeu fonctionne à peu près sur le plan de l’évolution du personnage, on touche rapidement aux limites qui séparent un studio comme Eko Software d’un géant comme Blizzard, avec le level design comme principal symptôme. Chaque chapitre se limite à deux ou trois environnements, un ou deux extérieurs et un intérieur en général, que le jeu recycle encore et encore tout au long du chapitre. Je ne parle pas ici seulement du décor, mais aussi de la structure même de la carte, très linéaire. Le tout est instancié et il n’est ainsi pas rare de refaire encore et encore la même carte dont plusieurs portions de niveau sont absolument identiques, jusque dans le placement des ennemis et des coffres. Puisqu’on en parle, le jeu a beau se vanter de posséder un bestiaire XXL, on a quand même l’impression de combattre souvent les mêmes trucs. On aurait aimé ainsi plus de variétés dans les ennemis de type champions pour lesquels l’absence du principe d’affixes communs aux hack&slash modernes se fait cruellement sentir. Reste donc les boss, auxquels il faut faire attention et dont il faut comprendre les attaques ainsi que les différentes phases. Il n’y en a malheureusement que 4, ce qui est là aussi fort léger pour ce genre de titre.

Je viens de vous spoiler un quart des boss. Désolé.
Je viens de vous spoiler un quart des boss. Désolé.

Warhammer : Endgame

Ce constat d’être devant un jeu fort léger s’applique également à l’itemisation du titre. Alors qu’il s’agit d’un élément important d’un hack&slash, changer son équipement se résume ici durant une bonne partie du jeu à vérifier si la pièce que l’on vient de trouver améliore notre score d’attaque et notre défense. C’est tout. Il faut attendre la fin du jeu pour commencer à trouver de l’équipement apportant des effets un peu fun. Le changement d’équipement devient donc un acte purement mécanique, sans choix à faire. Un problème qui perdure au niveau maximum puisque les niveaux de difficulté supérieur (les chaos, dont je parlais plus haut) sont pensés pour être faits avec les sets d'équipements qu'on obtient très vite. Ce qui réduit fortement l'intérêt de continuer à jouer, du coup.

15 heures de jeu, set complet, c'était rapide
15 heures de jeu, set complet, c'était rapide

Cette impression de pauvreté est encore plus problématique lorsqu’on touche au contenu endgame du jeu. Une fois un chapitre terminé, vous débloquez de nouveaux modes de jeu. Le premier est un boss rush classique. Le second, expédition, vous lance sur une carte générée aléatoirement sur laquelle des événements peuvent apparaître. Un mode rendu un peu inutile par le troisième, Chasse à la relique, qui se montre un peu plus intéressant. Vous achetez une carte qui applique un ou plusieurs modificateurs à un niveau aléatoire dont vous devez trouver le mini-boss pour ouvrir le coffre de récompense. Ces modificateurs peuvent être aussi redoutables que l’apparition de nuages de poison dans le niveau ou la réduction de vos dégâts en fonction de la vie qui vous manque. Une bonne idée, même si j’ai là aussi assez rapidement eu l’impression d’avoir fait le tour des modificateurs.

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Bugs et ratés

On se doit également de parler un peu du feeling général du jeu ainsi que de sa finition. Le jeu étant prévu à la fois sur consoles et sur PC, il a le bon goût d’avoir prévu une interface propre à ces deux supports. On vous laisse juge de l’ergonomie des deux inventaires en images, mais, à titre personnel, j’ai une nette préférence pour celui réservé au duo clavier/souris. Par contre, comment est-il possible d’oublier de prévoir un affichage de l’état des autres joueurs en multi ? Aucune indication, comme le niveau du joueur que l'on rejoint, n'est présente. Pas idéal quand on se retrouve avec un joueur nettement moins avancé que soi dans la campagne. Ce n’est malheureusement pas le seul souci technique que se traîne le jeu puisqu’on peut ajouter des bugs de compétences, des ennemis coincés derrière des coffres, des personnages qui se bloquent dans le décor, des invocations qui disparaissent après un chargement ou encore des loots impossibles à ramasser. Sans même parler des sauvegardes locales utilisables en multi, véritable porte ouverte au cheat.

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Conclusion

Soyons honnête, sans la présence du mot « Warhammer » dans le titre, ce Chaosbane aurait probablement eu droit à un oubli rapide. Pas que le jeu soit totalement mauvais, il a même de bonnes idées, mais il est bien trop fade pour tirer son épingle du jeu. Vite répétitif, même à l’échelle d’un genre qui l’est par définition, plombé par des absences (pas de mode hardcore à la sortie) et des choix discutables, il lui faudra un gros suivi pour maintenir une communauté à moyen terme. Difficile d'imaginer le joueur rester sur le jeu plus des 15-20 heures nécessaires pour terminer la campagne et pour s'équiper. La malédiction Warhammer a encore frappé, malheureusement.

Testé par Grim sur une version PC grâce à une clé fournie par l'éditeur.

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