Test de Night Call - Un taxi au coeur des ténèbres
C'est un mélange un peu étrange qui nous attend avec Night Call. Un jeu qui mélange le narratif dans une succession de petites histoires et le Cluedo dans la recherche d'un tueur en série. Cependant, la réussite du jeu n'est peut-être pas là où on l'attendait.
Joe le taxi
Le jeu débute alors que notre personnage se réveille à l’hôpital. Nous apprenons bien vite que nous avons eu la malchance de croiser un tueur en série qui sévit dans Paris et la chance de survivre à la rencontre, même si notre dernier client ne peut pas en dire autant. En effet, nous sommes chauffeur de taxi, la nuit. Une flic voit dans notre travail et dans notre passé criminel une belle opportunité. Celle de devenir son indic pour réussir en une petite semaine ce que la police n'a pas pu faire seule : retrouver le tueur. Au pire, c'est à nous qu'elle fera porter le chapeau. Nous n'avons donc pas d'autre choix que d'accepter le deal.
Taxi Driver
Les nuits de votre personnage sont donc partagées entre deux activités : son travail de chauffeur de taxi et l'analyse des éléments de l'enquête que l'on découvre. Commençons par nos activités de taxi. Une course débute par un plan de Paris qui nous renseigne sur les points d'intérêt proches. Les clients, bien sûr, mais aussi les stations essences et, éventuellement, les endroits qui pourraient vous aider dans votre enquêtes, que ce soit la scène d'un crime ou la localisation de quelqu'un qui pourrait vous donner quelques renseignements utiles (ou pas, on y reviendra). On choisit donc l'endroit où l'on veut se rendre et le jeu nous y emmène tranquillement. En effet, n'espérez pas conduire : Night Call est avant tout un jeu narratif dans lequel vous passez votre temps à discuter.
Le juge et le pilote
En deuxième partie de nuit, une fois de retour dans votre appartement, il est temps de passer à la partie enquête du jeu. Celle-ci se révèle ultra basique. On analyse d'une simple pression sur un bouton l'un des dossiers que nous a fourni Busset, la flic qui nous a recruté. Les indices s'ajoutent alors automatiquement à un tableau résumant l'enquête. C'est tout ; vous n'avez rien de plus à faire. Les éléments que vous tirez de ces analyses sont automatiquement liés aux suspects correspondants. Le coupable n'est pas forcément celui sur lequel vous avez le plus d'éléments, mais celui sur lequel ils sont les plus probants. Au bout des 7 jours qui vous sont accordés, à vous de faire un choix et de désigner un suspect à Busset pour enchaîner sur la dernière nuit. Ou la prison en cas d'erreur, même s'il est heureusement possible de recharger la sauvegarde de cette dernière nuit pour faire un autre choix. D'autant que votre tableau d'enquête se montre assez bordélique. On peut certes ignorer certains éléments, mais pas les ôter du tableau, ce qui se montre pénible lorsqu'on se retrouve avec un grand nombre d'indices sans liens avec les suspects ou avec des indices contradictoires.
N'allez pourtant pas croire que Night Call est un jeu d'enquête pur et dur. C'est même le contraire : celle-ci représente la partie la moins intéressante du jeu. Le véritable cœur du jeu se trouve dans les rencontres que l'on fait, la nuit, dans notre taxi. Près de 75 personnages attendent d'embarquer pour un court trajet et tous ont une histoire à raconter. Des histoires parfois mystérieuses, parfois drôles, souvent touchantes, mais toujours passionnantes. C'est là que réside la véritable force de Night Call et on aimerait beaucoup ne faire que ça, sans devoir se soucier de ces à-côtés dont on se passerait en fait très bien.
Oubliez pas le pourboire
La gestion de l'argent dans le jeu arrive en tête de ces à-côtés qui m'ont paru particulièrement pénibles. Le jeu intègre effectivement un petit aspect économique. Notre chauffeur démarre certes la partie avec un petit capital, mais des frais lui sont facturés à la fin de chacune de ses nuits. Des frais fixes liés à la voiture comme l'essence et une commission que votre patron prend sur vos courses, mais aussi occasionnellement des frais liés à l'enquête. Problème peut-être lié à notre version de test, cette partie économique est complètement cassée. Je n'ai ainsi pas terminé une seule nuit en ayant gagné de l'argent lors de mes différentes parties et la première s'est même terminée prématurément parce que je n'avais plus assez d'argent pour acheter de l'essence. Il existe bien plusieurs modes de difficultés, dont un qui devrait permettre de profiter de l'histoire avec moins de contraintes, mais le problème y est également présent. Et inutile d'espérer prendre plus de clients pour gagner plus d'argent : l'écoulement du temps est assez déroutant et limite vos nuits à quatre ou cinq clients. Bref, il y a là un équilibrage à revoir absolument.
Obscurité nocturne
La manière de collecter des indices pour l'enquête est un autre point qui laisse un peu sur sa faim. Puisque Night Call s'articule beaucoup sur les conversations entre les clients et notre chauffeur (textes uniquement, le jeu ne propose aucun doublage vocal et laisse sa chouette musique assurer l'ambiance), on aurait pu s'attendre à voir un sujet majeur comme un tueur en série apparaître dans les dialogues. Il n'en est étrangement rien : aucun dialogue bien développé n'est présent, juste un petit écran pour vous dire que vous avez abordé le sujet et obtenu un renseignement. De quoi encore rendre un peu plus confus votre tableau d'enquête sur lequel rien n'indique les nouveaux indices. Et indirectement, de quoi renforcer l'impression que ces enquêtes n'étaient pas au cœur du projet. On devine qu'il est probablement plus simple d'intégrer plusieurs enquêtes au jeu (il y en a 3 au total) si on n'a pas à se soucier de créer des dialogues spéciaux pour chacune d'elles, mais le résultat est un peu fade. Dommage aussi que chaque nouvelle partie vous oblige à recommencer les histoires de vos passagers depuis le début, d'autant que leurs apparitions dans le jeu ne m'ont pas parues totalement aléatoires.
Fin de la route
Alors, que penser de Night Call au final ? On peut résumer en disant que dans ce jeu, l'important n'est pas la découverte de l'assassin, mais le voyage et les nombreuses rencontres que l'on fait en route. De quoi regretter de ne pas pouvoir se concentrer sur cet aspect réussi en laissant l'enquête policière sur le côté. Un regret d'autant plus présent que la base est vraiment réussie et plus convaincante que le fil rouge du jeu. Avec son style graphique certes minimaliste, mais qui plonge bien dans l'ambiance nocturne d'une ville et sa bonne musique, Night Call a des arguments pour plaire.
Test réalisé par Grim sur PC grâce à un code fourni par l'éditeur.
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Plateformes | Windows |
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Genres | Aventure, indépendant, contemporain, réaliste |
Sortie |
2019 2019 17 juillet 2019 (Windows) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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10 avril 2020
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17 juillet 2019
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14 juin 2019
Réactions (4)
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