Test d'Hitman 3 - Le même, en mieux ?

Sorti le 20 janvier 2021, Hitman 3 propose la conclusion de la trilogie entamée en 2016 avec le reboot de la franchise. Est-ce une fin heureuse ?

Précédemment dans Hitman

Si vous n'avez pas joué à Hitman (2016) ou à Hitman 2 (2018), petite piqûre de rappel. Le joueur incarne 47, un assassin. Dans les différentes missions du jeu, il doit assassiner une ou plusieurs cibles. Ce n'est en soi jamais très compliqué, mais toute la force des titres se trouve dans le grand nombre de moyens d'accomplir ces meurtres. Souhaitez-vous étrangler votre ennemi ? Le tuer d'une balle à bout portant ? Ou remplacer sa balle de golf par une autre, truffée d'explosifs ?

 

Ce concept est matérialisé en jeu par trois concepts. Tout d'abord, les opportunités : il s'agit de quêtes dirigées, aidant le joueur à accomplir son objectif d'une certaine façon. Il est possible de les désactiver ou de les ignorer, mais les opportunités sont un excellent moyen de découvrir la carte. Deuxième partie, les défis : chaque destination contient de très nombreux défis, plus ou moins compliqués, qui forcent à modifier sa manière de jouer. Enfin, il est possible de créer des contrats soi-même, en ciblant n'importe quel PNJ présent sur la carte, puis de les partager en ligne.

 

Hitman propose donc une grande rejouabilité. Dans une optique speedrun, les objectifs peuvent être remplis très vite, mais ce serait passer à côté de l'essence du jeu : explorer les environnements dans leurs moindres recoins, en découvrant à chaque fois de nouvelles choses. Hitman est un des rares jeux dans lesquels on prend plaisir à recommencer une mission à peine celle-ci terminée, afin de l'explorer plus en profondeur. C'est un jeu pensé pour ceux qui aiment prendre leur temps, plutôt que pour ceux qui sont pressés d'en finir au plus vite.

 

Si vous voulez en savoir plus sur les principes de base de la franchise, je vous renvoie vers mon test du premier opus de cette trilogie, sorti en 2016.

Finalement dans Hitman

Comme je le disais en préambule, Hitman 3 est la conclusion de la trilogie entamée en 2016. Cela se remarque assez vite en jeu, les cinématiques étant plus nombreuses - et plus longues - que dans les opus précédents. Seulement voilà : l'histoire principale est vraiment médiocre. Elle multiplie les clichés et manque clairement de profondeur. Ce n'est pas très grave, puisque ce n'est pas ce que l'on cherche en premier lieu, mais c'est quand même dommage pour un jeu qui accorde une place importante à la narration.

 

Oublions donc l'histoire et concentrons-nous sur le plus intéressant : les six nouvelles destinations qui sont au programme. Celles-ci sont, comme de coutume, très intéressantes, tant par leur qualité intrinsèque que par leur diversité. Diversité en termes de paysages, évidemment, mais aussi de level design et de game design. Il existe ainsi aussi bien des cartes extrêmement verticales que d'autres beaucoup plus horizontales. De même, les opportunités sont très différentes d'un lieu à l'autre et si on regrette le réduction de leur nombre (il n'y a que trois opportunités par lieu, alors qu'il y en avait près d'une dizaine dans Hitman 1), certaines d'entre elles sont assurément mémorables.

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Hitman 3 offre indéniablement une expérience de grande qualité. Chaque minute passée en jeu est extrêmement agréable. Seulement voilà : le jeu est extrêmement semblable au premier opus de la trilogie, sorti en 2016. En près de cinq ans, les modifications sont extrêmement légères. À dire vrai, si les destinations des trois jeux étaient mélangées, je ne suis pas sûr que je serais capable de dire à quel opus appartient tel lieu. On peut le voir comme la preuve d'une qualité constante, ce qui est vrai, mais cela montre aussi le manque d'évolution de la franchise.

 

C'est un choix assumé puisqu'Hitman 3 permet de lancer une mission de n'importe lequel des trois opus (à condition de posséder les deux opus précédents sur la même plateforme). Il constitue donc l'aboutissement de ce que j'évoquais il y a cinq ans : un excellent jeu-service, que l'on aime lancer tous les jours ou toutes les semaines pour quelques heures, qui nous apportent toujours quelque chose. On se plaît en effet à retourner sur les deux opus précédents, qu'on avait laissé de côté trop longtemps.

 

Seulement voilà : ce qui émerveillait en 2016 paraît banal en 2021, surtout après le lancement de trois consoles de nouvelle génération (et de Stadia. Coucou Stadia). Oui, le jeu offre énormément de liberté, mais à force de le fréquenter avec assiduité, on commence à en voir les limites. Ainsi, le nombre d'objets avec lesquels il est possible d'interagir est en réalité très réduit. De même, en dépit de son ouverture, Hitman 3 paraît parfois linéaire, par exemple quand on est coincé au sommet d'une zone, sans possibilité de descendre autrement que par le chemin prévu à cet effet.

VRaiment ?

Par ailleurs, le titre a la gentillesse d'être disponible presque partout, c'est-à-dire sur PC (via l'Epic Games Store), PlayStation 4/5, Xbox One, Xbox Series S/X, Stadia et même Nintendo Switch (via le cloud gaming). Sur  PlayStation, il propose également une compatibilité avec le PlayStation VR. Je précise cependant que cette compatibilité tient du gadget : s'il est agréable de redécouvrir les lieux de manière différente, le jeu n'est clairement pas pensé pour la réalité virtuelle et cela se sent. En effet, le jeu est clairement plus adapté à une caméra à la troisième personne, qui offre davantage de précision et de vision d'ensemble, essentielle. En outre, je persiste à penser que la réalité virtuelle est beaucoup plus adaptée à des jeux sur rail qu'à des titres en monde ouvert, comme ma tête me le rappelle régulièrement.

 

On enlève donc rapidement le casque pour parcourir le jeu de manière plus classique. Ce n'est pas très grave en soi, car les autres plateformes n'ont de toute façon pas accès à ce mode de jeu, mais ne craquez par pour Hitman 3 au seul motif de dépoussiérer votre PlayStation VR : vous seriez déçu.

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L'éternel recommencement

Hitman 3 est donc assez paradoxal. C'est la conclusion d'une trilogie que j'ai beaucoup appréciée, mais dont je suis heureux de voir la fin, car la licence a un réel besoin de sortir de sa zone de confort. C'est l'aboutissement d'une formule que je trouve excellente, mais un aboutissement prudent et assez classique. C'est un jeu que je recommande sans grande hésitation aux fans de la licence, mais qui a peu de chance de convaincre un nouveau public. C'est un bon jeu, voire un très bon jeu, mais qui manque de magie pour atteindre l'excellence, alors que son potentiel est indéniable.

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Test réalisé par Alandring sur PlayStation 4 à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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