Test de Life is Strange: True Colors - La richesse des nuances

Life is Strange: True Colors, deuxième opus réalisé par Deck Nine après Before the Storm, est sorti vendredi 10 septembre 2021. Qu'en penser ?

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La première chose qui saute aux yeux est l'amélioration technique du jeu, qu'il s'agisse des animations ou, surtout, des modèles utilisés pour les personnages. Ces derniers sont beaucoup plus soignés, ce qui est très appréciable. Ils ne sont toujours pas au niveau de ceux des productions Supermassive Games ou Quantic Dream, mais après ce progrès, ils ne constituent plus un défaut du jeu.

De plus, le jeu propose désormais un doublage intégral en français comme en allemand, améliorant sensiblement l'immersion pour les joueurs de ces deux langues. C'est un ajout extrêmement appréciable.

Le jeu manque de très peu le sans faute sur le plan technique. En effet, on ne peut lui reprocher que deux choses. Premièrement, s'il est possible de passer les cinématiques en mode collectionneur, ce n'est pas proposé en dehors de ce mode de jeu, même en jouant au jeu une deuxième fois. Cela rend la deuxième partie beaucoup plus désagréable, décourageant d'explorer les différents choix. Dommage. Deuxièmement, sur PlayStation 5, le jeu a quelques fois - c'était très rare - manqué de fluidité, particulièrement pendant l'épilogue.

La copie n'est donc pas parfaite, mais l'amélioration est notable et extrêmement appréciable. Deck Nine a fait un travail impressionnant pour permettre à Life is Strange: True Colors de s'élever à un autre niveau que ses prédécesseurs sur le plan technique.

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Yellow Lantern Corp

Néanmoins, l'enjeu majeur d'un Life is Strange est en général de savoir quel est le pouvoir dont dispose le protagoniste, aussi attardons-nous sur ce point. Alex Chen, notre héroïne, est capable de ressentir les émotions des autres. Ce don est également une malédiction, car si ces émotions sont trop fortes, elles se diffusent également en elle : si elle se trouve à côté d'une personne dans une colère extrême, elle est également en colère.

En jeu, cela se traduit en une sorte de lecture des pensées de certains personnages, ainsi que par quelques phases durant lesquelles le joueur peut comprendre ce qui les affecte autant et tenter de les aider. L'ensemble fonctionne très bien : cela n'égale pas le retour dans le temps de Life is Strange 1, pouvoir qui convenait parfaitement à un jeu narratif, mais cela s'intègre parfaitement à ce nouvel opus.

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En effet, cela permet de mettre en lumière (au sens propre comme au figuré) la principale qualité du jeu : sa grande palette de nuances. L'intrigue est assez classique, mais elle est jouée par des personnages très complexes. Personne ne commet des crimes par simple méchanceté, chacun agissant ainsi parce qu'il pense ne pas avoir d'autre alternative en raison de la peur/colère/tristesse qui le tourmente. Les personnages sont simples de prime abord, représentant des archétypes assez classiques, mais ils ont tous une grande profondeur qu'il est extrêmement appréciable d'explorer.

Comme d'habitude dans un jeu de ce type, les choix sont multiples et ils ont souvent un impact important. Cependant, en dépit de leur qualité globale, ils constituent aussi un des points faibles du jeu : certaines décisions sont trop faciles à prendre et se soldent par une bonne ou une mauvaise issue. En terminant le jeu d'une certaine manière, il y a peu de raisons de recommencer de zéro pour faire pire. De ce point de vue là, le premier Life is Strange, dont les deux fins exigeaient chacune un sacrifice, fonctionnait mieux.

All in one

Il reste un aspect essentiel que je n'ai pas évoqué : pour la première fois dans la série, les cinq chapitres sont disponibles au même moment. Cela évite de devoir attendre de longs mois entre chaque épisode, mais permet également une bien meilleure gestion du rythme : chaque chapitre se dévore avec avidité et l'ensemble forme un tout cohérent.

Le premier Life is Strange a laissé une excellente impression, mais ses chapitres combinaient temps forts et temps faibles. Dans les cinq chapitres de True Colors, il n'y a aucun passage que j'ai trouvé désagréable ou raté. Mieux, certains sont véritablement marquants, avec une mention spéciale pour le chapitre 3, qui est clairement celui que j'ai préféré tous Life is Strange confondus.

De plus, True Colors est le premier jeu de la série en monde ouvert. C'est un monde ouvert microscopique : la rue principale d'un village, un pont, un parc et quatre commerces. Cependant, le jeu encourage et récompense l'exploration, alternant quelques phases linéaires avec d'autres beaucoup plus ouvertes, dans un équilibre très appréciable.

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JOL d'or

En 2015, Life is Strange avait terminé deuxième du JOL d'or, seulement devancé par The Witcher 3. Ensuite, la série s'est perdue, livrant un Before the Storm oubliable et un Life is Strange 2 minable. Avec Life is Strange: True Colors, la série revient enfin sur le devant de la scène, avec l'espoir légitime de faire encore mieux qu'en 2015. Le jeu offre une histoire assez classique, mais très bien racontée, que ce soit en raison de la profondeur de ses personnages, de sa maîtrise du rythme ou de ses améliorations techniques. Un modèle, auquel je suis très heureux d'avoir pu jouer.

Test réalisé par Alandring sur PlayStation 5 à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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