Aperçu de Dune : Spice Wars - Qui contrôle l'épice, contrôle l'univers

Je m’en rappelle comme si c’était hier… mon premier pas vers la déchéance. Moi qui, gamin, étais un pro-Amiga, par le biais de mon tonton, qui avait à l’époque un 386, j’ai découvert… Dune en jeu vidéo. Alors, oui je sais, le jeu existait aussi sur Amiga… mais à l’époque, je ne le savais pas…

C’était un jeu d’aventure qui m’a fait découvrir les livres, le film de Lynch, etc. Je suis ultra fan de l'univers, au point d’avoir nommé ma fille du prénom de Chani.

Dans la même année, j’ai fait un deuxième pas vers la déchéance… Dune 2, souvent considéré comme un des fondateurs du jeu de stratégie est sorti. Là aussi, j’ai sombré dans les grands déserts d’Arrakis et mis les pieds dans un genre qui, aujourd'hui, est toujours mon genre de jeu préféré. C’était il y a 30 ans. Entre-temps, il y a eu Dune 2000, un remake plus ou moins bien fichu de Dune 2 et puis… bah plus grand-chose de réellement conséquent basé sur cette licence.

Grâce à Villeneuve et à sa nouvelle adaptation cinématographique, Dune revient sur l’avant de la scène et voit sa licence fleurir de partout : jeu de rôle, nouvelles éditions des livres de Frank Herbert, mise en avant du fluff et… de nouveaux jeux vidéo dont celui que je vais vous présenter aujourd’hui.

Dune : Spice Wars est développé par Shiro Games, un développeur français que j’apprécie particulièrement, car ils travaillent bien, sont vraiment à l’écoute de leur communauté, font un suivi irréprochable pour les jeux qu’ils commercialisent (comme les ajouts constants pour Northgard, par exemple) et c’est grâce à ce sérieux qu’à n'en point en douter ils ont pu négocier la licence de Dune pour développer un nouveau jeu de stratégie dans cet univers de SF.

Dune : Spice Wars est donc un jeu de stratégie, estampillé 4X, qui nous place sur la planète Arrakis (Dune) avec pour but de contrôler le plus de territoires possibles en opposition avec 3 autres factions dans l’optique, évidemment, d’extraire de l’Épice, ressource vitale pour l’ensemble de l’Empire, car il s’agit de la seule ressource qui permette de voyager entre les systèmes. « Qui contrôle l’Épice contrôle l’Univers ».

Le jeu nous place à la tête d’une des factions de bases présentes sur la planète pour cet accès anticipé :

• Les Atréïdes
• Les Harkonnens
• Les Fremens
• Les Smugglers (Tuek)

Ces quatre factions sont celles de base, mais les développeurs ont déjà prévu de nombreuses autres factions dans leurs feuille de route, issues des diverses sources qu’ils ont à leurs dispositions (et ce ne sont pas les possibilités qui manquent ; entre toutes les maisons et autres organisations, il y a de quoi faire).

Les Atréïdes et les Harkonnens, impossible de passer à côté. Ce sont les deux maisons officielles qui sont en guerre pour le contrôle de la planète. Les Fremens, pas assez souvent mis en avant dans les jeux précédents, sont ici une faction à part entière et, ainsi que les smugglers, tout aussi importants dans le microcosme de la vie sur Arrakis.

Les différentes factions possèdent un gameplay parfois assez similaires (Atréïdes et Harkonnens), mais parfois asymétriques (smugglers et Fremens).

Après avoir choisi sa faction de départ, nous devons choisir deux conseillers qui, en plus du leader attitré de la faction, apportent des bonus supplémentaires à votre faction. Par exemple, pour les Harkonnens, en plus du Baron qui vous apporte ces bonus de faction, vous avez :

• Feyd-Rautha, qui peut utiliser de la corruption dans les votes du Landsraad, l’équivalent du Sénat Galactique si vous voulez (j’y reviendrai), et faire perdre de la réputation aux autres factions. Il gagne de l’influence pour la faction quand vous éliminez des rebelles.
• Pieter de Vries débloque des drones furtifs apportant de « l’Intel », une des ressources du jeu, quand elle est en territoire ennemi. Octroie aussi une forme de furtivité aux Ornithoptères (un genre d’hélicoptère pour les néophytes), générant eux aussi de l’Intel en territoire ennemi
• Rabban Harkonnen, augmente de 1 le nombre de slots militaire et augmente le temps d’oppression sur les villages.
• Iakin Nefud qui rembourse 50% de la valeur des unités militaires quand elles meurent et diminue le coût des drogues de combat de 50%

Bref, pas de quoi révolutionner un gameplay, mais bien utilisé, cela peut apporter un plus indéniable.

Arrivé en jeu, on arrive sur un territoire, une région, muni d’un ou deux ornithoptères et une troupe au sol. Cette région est délimitée par des frontières, chacune possédant ses ressources propres. Au-delà, brouillard de guerre. Vous devez envoyer vos Ornis en éclaireur pour explorer et analyser les territoires aux alentours. Chaque territoire ne possède pas les mêmes ressources et il faut rapidement analyser vos besoins pour vous accaparer des régions nécessaires à votre expansion.

Là, tout de suite, les joueurs de Northgard s’y retrouveront, car le gameplay est fondamentalement identique dans sa conception. On explore, on avance avec nos troupes, on prend possession, on bâtit, on exploite, etc.

La similitude n’est pas que de cet ordre-là, Dune : Spice Wars est vraiment un fils spirituel du grand succès du studio. Chaque territoire ne peut construire qu’un nombre limité de constructions sur son espace. Dans Dune, c’est même justifié par l’univers : on ne peut construire du « dur » que sur des zones rocheuses, peu présentes sur la planète des sables. Mais du coup, en étant limité dans vos constructions, vous devez tout de même garder une certaine balance d’un territoire à l’autre pour garder un équilibre dans tous vos besoins.

Plusieurs ressources sont présentes dans le jeu :

• Les Solaris : la monnaie du jeu vous permettra de recruter des hommes, construire des bâtiments, etc.
• Le plascrete : un alliage métallique qui sert aux constructions et à l’entretien de ceux-ci
• Le « Manpower » : les ressources humaines que vous pouvez utiliser pour recruter des soldats ou de l’équipage pour vos véhicules
• L’eau : nécessaire pour la vie, l’occupation des villages et vos armées, ainsi que pour le commerce avec les Sietch, les places fortes des Fremens.
• L’autorité : nécessaire pour prendre possession d’un village.
• L’Épice : la ressource la plus importante. Sans Épice, pas de solaris et de sacrés problèmes d’embargo. 

Car oui, si on exploite l’Épice, nous sommes une maison de l’Imperium et chaque mois nous devons payer une « taxe » pour justifier notre exploitation de la planète, ce montant variant de mois en mois (en général en augmentant). Toutefois, votre surplus de production vous permet de gagner des Solaris simplement en octroyant un pourcentage de votre production au CHOAM, qui gère le commerce de l’Épice. 1 ressource d’épice est égale à 2.2 Solaris.

En plus de ces ressources utilitaires, vous avez

• les points d’Hégémonie, qui sont la représentation de la puissance de la faction au sein de Dune et débloque, à différents seuils, de nouvelles capacités de factions une fois atteintes.
• Les points de connaissances qui vous permettent d’avancer dans l’arbre technologique, divisé en 4 branches : politique, logistique, militaire et construction (ou quelque chose du genre, le jeu n’étant pas traduit au moment où je l’ai testé et il n’y a pas de nom sur les branches).
• Les points d’influence : vous permettes d’avoir plus de poids dans les votes du Landsraad.
• Les points d’Intel : débloquent des missions vous donnant des avantages sur le terrain.
• Les agents : arrivent au fur et à mesure de l’avancée de la partie, peuvent être placés dans diverses positions afin d'espionner les factions adverses, mais aussi d'augmenter votre réputation sur la planète, au niveau de la guilde spatiale, du CHOAM ou du Landsraad.

Vous pouvez aussi user de diplomatie pour faire des échanges avec les autres factions, mais c’est assez limité à l’heure actuelle, nous verrons si cet aspect sera développé ultérieurement. Cela fait partie, avec les votes du Landsraad, des parties du jeu qui mériteraient un approfondissement plus conséquent. Ces votes arrivent à intervalles réguliers et vous pouvez voter pour appliquer des lois qui seront actives jusqu’aux prochains votes. J’avoue avoir du mal à vraiment comprendre l’intérêt actuellement, surtout qu’il est assez aisé d’être en tête dans les votes. On fera le point plus tard, à la sortie du jeu en version finale, à ce sujet.

Le jeu est évidemment aussi un jeu de guerre et les combats, même si on est loin d'un RTS, sont assez logiques. Des troupes de contacts, de l'artillerie, du soutien... classique. La microgestion vous permettra sans trop d'efforts de gérer la plupart des conflits contre l'IA, même si parfois il faudra pousser un peu. Évidemment, cette activité dans les sables du désert d'Arrakis engendrera une réaction qui peut potentiellement poser problème : les vers des sables. Votre activité en surface pourrait bien en attirer un, tout comme les moissonneuses qui exploitent l'épice, et engloutir plusieurs de vos unités en une fraction de seconde. Essayer du coup de combattre sur la roche, ça évite les mauvaises surprises. 

Visuellement, le jeu est plutôt sympathique à voir et la bande-son se marie bien à l’univers du jeu. Les sources d’inspirations sont multiples : les livres, les films, la série TV, les anciens jeux : tout est bon à prendre : « bien d’autres sources de Dune ont influencé notre design, tels que des jeux de plateau, des bandes dessinées, des jeux de cartes ainsi que le film de Denis Villeneuve. Chaque pierre ajoutée à l’édifice contribue à rendre le jeu plus grand, même si les livres restent évidemment l’œuvre maîtresse ».

Pour preuve de l’influence, d’ailleurs, certains personnages sont directement issus de l’adaptation de Villeneuve comme le changement de genre de Liet Kynes, par rapport aux livres : « Nous pensons que la répartition des sexes dans un livre par ailleurs très moderne est un artefact de l’époque où il a été écrit. Liet est un des personnages les plus modernes dans les livres (avec un message sur la préciosité des ressources, la mise en place d’une planète durable avec des communautés locales...) et moderniser ce messager ne fait que rendre le message encore plus puissant. Bien évidemment, nous adorons le livre et la personnification de Liet dans celui-ci, mais nous avons également apprécié sa représentation dans le dernier film et comment cela a réinventé le personnage. C’était quelque chose que nous estimions avoir une approche intéressante dans Spice Wars. »

Cela prouve aussi que niveau ressources ultérieures à exploiter, on aura de quoi faire. Une faction (au moins) est déjà prévue en supplément durant l’accès anticipé.

À l’heure actuelle, le mode multijoueur n’est pas encore implémenté, mais arrivera dans les premiers mois de l’accès anticipé qui démarrera ce 26 avril. Les retours de la communauté seront importants pour cet aspect pour voir l’orientation générale qui sera prise pour ces premiers ajouts.

En ce qui concerne la partie solo du jeu, actuellement on n'a que l’accès aux parties « classiques » contre l’IA et pas encore de campagne. Celle-ci arrivera ultérieurement et les développeurs ne savent pas encore eux-mêmes quelle forme elle prendra. Cependant, elle aura sûrement une histoire différente des livres pour que les joueurs puissent découvrir de nouvelles choses dans l’univers de Frank Herbert. Une partie classique se développe en 3 ou 4 heures pour l’emporter.

L’ordre d’arrivée de ces nouvelles fonctionnalités, durant l’accès anticipé, sera totalement laissé aux choix de la communauté. De nombreux retours axeront le développement dans un sens comme dans l’autre, bien qu’il semble évidement que le multijoueur sera en tête de liste.

Bref, Dune : Spice Wars est un héritier de Northgard, en mode survitaminé de par ses ressources et ses possibilités. Les aspects du jeu comme la diplomatie et le Landsraad devraient, à mon sens, être retravaillés et il faudrait peut-être pousser plus loin le côté asymétrique des factions, mais néanmoins, pour un jeu qui n’est pas encore en accès anticipé au moment où j’écris ces lignes, il est déjà très plaisant et on y voit son potentiel. En état, il est plus avancé que Northgard au même moment de son développement et quand on voit le chemin que ce dernier a parcouru depuis son accès anticipé, il y a de quoi se réjouir pour la suite du développement. Shiro fait encore du bon travail et sublime une licence qui m’est chère. Pour moi, c’est un cocktail gagnant.

Le jeu sera disponible à 29.99€ sur Steam (prix susceptible de changer durant l'accès anticipé) en fin d'après midi, ce 26 avril 2022. 

Jeu testé sur PC par Seiei avec une clef offerte par l'éditeur.