Test de Trek to Yomi - Jouer dans un classique du cinéma japonais sur Nintendo Switch

Après avoir sabré sur les consoles PlayStation et Xbox, le jeu d'action à défilement horizontal Trek to Yomi est arrivé sur la console Nintendo Switch. Cette oeuvre originale avait été éprouvée dans nos colonnes par Lianai l'année dernière, en parallèle d'un entretien avec son créateur Leonard Menchiari. Comme à chaque portage sur Nintendo Switch, tout l'enjeu est de savoir si le manque de puissance de la console ne gâche pas l'ensemble, d'autant plus pour un jeu misant notamment sur son visuel.

En effet, tout est affaire de cadrage sur Trek to Yomi, un enchaînement de plans sublimes en noir et blanc, où se meuvent un samurai désireux de trancher avec l'adversité. Rien d'étonnant, car le créateur à l'origine de ce jeu vient de l'industrie du cinéma. Cette maîtrise de la mise en scène est la principale caractéristique, mais aussi qualité de Trek to Yomi. Chaque séquence est un plan minutieusement choisi et travaillé, un véritable travail artistique transformant souvent le joueur en spectateur. On arpente un film de Akira Kurosawa, bercé par les doublages en japonais et l'ambiance sonore.

Jouer dans un classique implique toutefois une prévisibilité certaine, car l'on tire des ficelles bien connues. Le scénario est ainsi loin d'être mortel, avec le mérite toutefois d'assurer un fil rouge conduisant un samurai à travers un Japon féodal qui ne brillait pas réellement par sa stabilité. Tous les problèmes se résolvent au fil du sabre, voire éventuellement avec des armes à distance dont les munitions sont précieuses. Un coup fort, un autre faible mais rapide, une parade et diverses combinaisons s'appuyant sur une barre d'endurance vont permettre de tailler sa route, tranquillement mais surement. Plusieurs niveaux de difficulté sont proposés pour ajuster son voyage.

On est sur de l'action évoluant à un rythme posé voire poussif, où les adversaires mesurent leur arrivée sans précipitation. Quelques fulgurances presseront un peu le pas du joueur, mais il est vrai que Trek to Yomi n'en abuse pas assez et se laisse trop souvent porté par l'enchaînement de ses plans bien cadrés. Étonnamment, on en vient pourtant à se lasser de ce spectacle visuel, car la répétitivité s'installe assez rapidement. Les combos débloqués ne renouvellent pas réellement le gameplay, tout comme un bestiaire au casting limité. Il n'y a pas de montée en puissance de son personnage au fil de l'aventure. On en vient à se dire que ce jeu aurait été plus ajusté en étant raccourci, bien qu'une poignée d'heure suffit déjà, environ cinq.

Le portage de Trek to Yomi sur Nintendo Switch n'a pas essayé de gommer ces défauts, tout en devant faire des compromis par rapport aux graphismes qui ont perdu en finesse. J'ai été déstabilisé par certaines cinématiques durant lesquelles la brillance attaque la rétine ou bien quand certains personnages se transforment en bouillie de pixels au milieu de décors préservés. Il est bien dommage de ne pas être allé au bout du concept du film d'époque, en adoptant un grain plus en phase avec la puissance de la Switch. Toutefois, le spectacle visuel que représente Trek to Yomi reste dans l'ensemble préservé.

Conclusion

Mon voyage aux cotés du samurai Hiroki est une belle aventure, dépaysante et sortant visuellement du lot d'une manière assez exceptionnelle. D'un point de vue vidéo ludique, l'intérêt est toutefois plus limité, presque basique. On peut être soulagé en atteignant le sanctuaire marquant la sauvegarde de sa partie, signe que l'on progresse dans l'obscurantisme du Japon féodal et bien au-delà, mais aussi que l'on approche -- enfin -- de la fin du jeu.

Test réalisé par Agahnon sur Nintendo Switch à partir d'une version fournie par l'éditeur.