Nintendo Switch Online - Rétrospective de la console Game Boy et de son catalogue de jeux
Tout juste arrivés sur le service Nintendo Switch Online, la console portable Game Boy et son catalogue de jeux proposent de replonger dans les années 1990, quand l'autonomie était une question de piles et les jeux une nuance de gris.
Dans la lignée des jeux électroniques Game and Watch, le constructeur Nintendo lance en 1989 la console portable 8-bits Game Boy, première d'une longue série qui connaitra de multiples déclinaisons. Face à la concurrence proposant des modèles plus puissants affichant de la couleur avec notamment la Lynx d'Atari ou la Game Gear de Sega, le créateur Gunpei Yokoi et la division Nintendo Research & Development 1 posent des choix forts qui vont assurer son succès.
Le principal est l'écran choisi, monochrome assurant une autonomie de plusieurs heures avec quatre piles R6. Le résultat est un écran verdâtre affichant des pixels gris nécessitant d'orienter l'écran avec un soin particulier selon la luminosité de son environnement. La nécessite d'une torsion régulière du joueur incitera certains fabricants d'accessoires à proposer des loupes et des lumières, à clipser sur la console afin d'améliorer le confort visuel. Cet aléa assurant une autonomie plus importante évitait au joueur une recherche désespérée d'un branchement électrique pour terminer sa partie, à une époque où les sauvegardes étaient un véritable enjeu. Le premier jeu vidéo véritablement horrifique, c'est la petite lumière signalant la fin des piles et de son amusement.
Le Game Boy -- ou la pour les familiers -- avait aussi pour lui de la légèreté -- 220g -- par rapport à la concurrence, tout en cultivant un caractère relativement indestructible quand on connait la fragilité des appareils d'aujourd'hui. Par la suite, la console portable va s'affiner avec le modèle Pocket (1996) puis gagner en visibilité grâce à l'ajout du rétro-éclairage du Game Boy Light (1998). L'évolution la plus significative reste le Game Boy Color (1998), qui apporte enfin des couleurs à l'écran, tout en conservant une comptabilité avec les anciens jeux. En terme d'équivalence, le Game Boy se positionne en parallèle de la console de salon NES.
Le catalogue sur Nintendo Switch Online
Les jeux de Game Boy sont disponibles avec l'abonnement Nintendo Switch Online, avec un catalogue de lancement restreint mais certains classiques. Plusieurs filtres visuels sont disponibles dans les paramètres, pour les nostalgiques ou les curieux. Les couleurs sont également proposées, même s'il peut être intéressant de voir toute l'imagination et le talent nécessaires pour immerger le joueur avec seulement des nuances de gris.
Si le rendu sur un téléviseur est une chose, sans être une nouveauté car l'adaptateur Super Game Boy le permettait déjà sur la console Super Nintendo, le format est plutôt à destination de la version portable de la Nintendo Switch, ultime hommage à son ancêtre. Il est possible de s'adonner aux jeux prévus à deux en local ou en ligne. A l'origine, un câble était nécessaire pour relier deux consoles.
Le succès du Game Boy et ses 118,6 millions d'exemplaires vendus à travers le monde en comptant jusqu'au modèle Color tient notamment à son catalogue de jeux. Le jeu de puzzle Tetris (1989), adaptation du concept de Alekseï Pajitnov, continue de définir encore aujourd'hui l'essence du jeu vidéo : simple à prendre en main, addictif et difficile à maitriser. L'acharnement nécessaire pour faire décoller son score et la fusée a comblé un temps vidéo ludique incommensurable. Il est toutefois moins abordable qu'un Tetris 99, qui a su moderniser le concept original sans le renier tout en améliorant la prise en main.
Metroid II - Return of Samus (1991) s'inscrit dans la lignée de l'épisode NES, toutefois plus orienté action avec la nécessité d'éliminer tous les ennemis au détriment de l'exploration. La possibilité d'aller dans les deux sens de l'écran est une marque de fabrique de la franchise Metroid, avec toutefois l'absence d'ascenseur dans cet opus lui donnant un côté plus linéaire. Compromis en raison de la taille et la résolution de l'écran, la différence qui saute aux yeux par rapport au premier opus est la taille bien plus imposante du personnage, un défaut envahissant pour moi que l'on retrouve dans Super Mario Land 2 - 6 Golden Coins (1992).
Cet opus de Mario est développé sous les influences de Super Mario World et Super Mario Bros 3, proposant un mélange intéressant des deux. C'est la première apparition de Wario, ultime confrontation après avoir obtenu une pièce des boss contrôlant les six composantes de ce monde. Au-delà des transformations, ce jeu de plateformes fait aussi varier le gameplay en fonction de l'environnement. L'eau, la gravité, la colle ou les bulles d'hippopotame vont ainsi apporter de la variété.
Cette variété en terme de gameplay est aussi une caractéristique de Kirby's Dream Land (1992), marquant l'arrivée de la création de Masahiro Sakurai dans l'univers de Nintendo, sans sauvegarde toutefois pour ce dernier. La possibilité de sauvegarder à n'importe quel moment est une différence significative de ces propositions sur Nintendo Switch, sans compter sur le fait de pouvoir remonter dans le temps. Dans le voyage temporel, Game and Watch Gallery 3 (2000) permet d'aller encore plus loin car il s'agit d'une compilation d'anciens jeux Game and Watch au gameplay rudimentaire, quand il fallait que l'ensemble tienne sur un seul écran avec des positions prédéterminées.
On note la présence de Gargoyle's Quest (1990), une production Capcom qui est très fortement inspiré de Zelda II. On retrouve les alternances entre les phases d'exploration et de plateformes avec une touche d'action et de RPG, en incarnant une gargouille qui a pour principale caractéristique de s'accrocher automatiquement aux murs, ce qui à l'usage est aussi pratique que horripilant. La présence la plus étonnante reste Alone in the Dark: The New Nightmare (2001), adaptation tronquée des versions consoles bien plus puissantes et intéressantes. Ce titre repousse véritablement les limites techniques de son support, tout en se révélant aujourd'hui bien moins lisibles que les autres jeux proposés. On est sur de la bouillie de pixels, pour un titre dont l'intérêt ludique se trouve ailleurs.
Originalité plus consensuelle, Wario Land 3 (2000) a pour principale caractéristique d'avoir un personnage principal indestructible. On se joue des codes habituels pour trouver la bonne transformation ou l'objet permettant de poursuivre sa route à travers une boîte à musique. Ce festival de nostalgie se termine par la présence de The Legend of Zelda: Link's Awakening DX (1998), le plus onirique de la série Zelda. C'est un classique enchanteur, dont la complexité a montré à l'époque qu'il était possible de développer de tels jeux sur console portable. La version DX est une amélioration de la version originale (1993), projet atypique au sein de Nintendo. Ainsi, il a débuté en tant que projet non-officiel développé sur le temps libre des développeurs, pour ensuite conserver un certain esprit de liberté et créativité. Si certains n'envisagent pas de dépasser la barrière de l'âge, un remake de ce monument vidéo ludique est sorti en 2019 sur Nintendo Switch.
Pour la suite
Parmi les titres annoncés pour étoffer plus tard ce catalogue, on compte notamment deux opus de la franchise The Legend of Zelda: Oracle of Seasons et Oracle of Ages. Il est également question Kirby Tilt'n'Tumble et Pokémon Trading Card Game. La mention de Pokémon n'est pas anodine, car cette licence qui porte encore aujourd'hui Nintendo est l'une des clés du succès de la console Game Boy. Sa disponibilité sur Nintendo Switch Online, au-delà des titres accessoires, est par contre une toute autre histoire.
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