Test de Ghostrunner 2 – De la haute voltige

Le premier Ghostrunner avait été une des bonnes surprises de 2020. Après l’ajout de nouveaux modes et du sympathique DLC Project_Hel, c’est un tout nouvel épisode qui avait été annoncé. Voilà la date tant attendue arrivée : il est temps de se glisser à nouveau dans la peau métallique de notre trancheur adepte de parkour.

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Jack is Back

Sauver le monde n’est pas une mince affaire. Les Grimpeurs pensaient avoir au moins libéré la Tour Dharma une fois la maîtresse des lieux défaite par le Ghostrunner. Cependant, c’était sans compter sur ce putain de facteur humain : très vite, le moindre petit gang ou autre groupuscule un peu ambitieux a cherché à faire valoir son droit à diriger le cirque. Et les choses se compliquent un peu plus quand débarque les Asura, un mystérieux groupe de Ghostrunners.

Et en ce qui concerne Jack ? Il va bien. Oui, ça peut surprendre ceux qui ont terminé le premier épisode. Mais après un peu de bricolage et autres étrangetés à peine abordées au détour d’une conversation, le bonhomme était à nouveau sur ses jambes à trancher à qui mieux mieux dans le vif du sujet, et surtout les opposants à son groupe de rebelles.

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Un groupe étranger qui s’incruste dans une tour à la limite de la poudrière, il n’en faut pas plus pour démarrer une nouvelle aventure. Le fil directeur ne s’avère pas très original, mais il présente toutefois quelques surprises et en profite aussi pour détailler son univers. Et surtout, il offre une belle excuse pour visiter différents secteurs et se frotter à de nouveaux ennemis. La qualité de l’histoire est quand même rehaussée par celle de ses personnages : on retrouve notre chère Zoé, mais également de nouveaux énergumènes qui sortent tous du lot à leurs façons. Et leurs dialogues sont plutôt bien écrits (même si la traduction française atténue parfois le côté cru de certaines répliques).

Et cette fois, on les croise pour de vrai, on peut enfin mettre un visage sur ces voix. Régulièrement durant l’aventure, le personnage se retrouve au QG où il peut consulter quelques machines et surtout discuter avec les gens sur place.

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Sur le fil du rasoir

Qu’est qu’un Ghostrunner, me demande-t-on au fond. Bonne question qui peut intéresser ceux qui ne se sont pas essayés au premier titre.

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Il s’agit d’un cyborg extrêmement agile, mais terriblement fragile. Un coup et la frêle mécanique s’effondre. Et pour ne pas arranger les choses, son arme de prédilection est un simple sabre. Mais bougrement affûté, le coupe-sifflet : une seule attaque et c’est la fin assurée, que vous soyez un simple péon ou un gros mecha. L’objet est également utile pour la défense : il peut parer des attaques directes, mais aussi les projectiles (et même les renvoyer avec le bon timing).

D’autres outils aident notre chourineur. Son agilité, pour commencer : il peut sauter, courir sur les murs, glisser au sol, il se rattrape de justesse aux bords et il peut ralentir le temps tout en esquivant sur les côtés. Un grappin améliore encore un peu plus son impressionnante capacité de mouvement.

L’attaque n’est pas en reste non plus : au fur et à mesure de l’aventure s'ajoutent divers outils bien pratiques, mais consommateurs en une énergie somme toute limitée. On retrouve les shurikens, mais aussi la possibilité de créer un leurre et de devenir invisible ou encore une force de poussée. D’autres pouvoirs plus destructeurs seront aussi de la partie, mais à utiliser avec parcimonie.

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Et tout cela ensemble vous permet de briller sur les différents terrains de chasse. Ne vous laissez pas berner par la vue à la première personne : ce n’est absolument pas un simple slasher qui vous est présenté ici. On est plutôt dans de la plate-forme durant laquelle il vous faut trouver le trajet le plus optimal dans l’espace, à courir sur les murs et à voltiger entre les balles, le tout pour pouvoir vous rendre toujours plus loin dans le niveau.

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Le déroulement se passe alors sur le principe du die and retry. À chaque mort, une simple pression sur un bouton vous remet dans le feu de l’action. Les checkpoints sont très nombreux et (la plupart du temps) bien répartis. À vous de modifier votre approche pour voir s’il n’y a pas un trajet un peu plus optimal au cœur de la bataille. Et la maniabilité du personnage fait que c’est un plaisir de s’engager dans ce ballet mortel.

Allez, s’il fallait chipoter, on pourrait souligner qu’il arrive régulièrement qu'une chute supposée mortelle soit stoppée par un incongru rebord loin de tout et le fait de ne pouvoir que se laisser tomber de là retarde un peu la reprise de l’action. Mais c’est bien pour trouver de quoi se plaindre un peu.

Tu sais pas jouer, Jack ! T'es mauvais !
Tu sais pas jouer, Jack ! T'es mauvais !

Hit the road, Jack

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Mais tout ça, c’était déjà dans le premier Ghostrunner. Remarquez, la recette était déjà terriblement efficace, il aurait été donc dommage de trop la dénaturer. Mais cela ne veut pas dire que le jeu est exempt de nouveautés. En réalité, le jeu apporte plusieurs nouvelles mécaniques ou nouveaux ennemis et ces ajouts sont judicieusement étalés sur les divers chapitres de l’aventure. Certains apparaissent de manière assez ponctuelle, d’autres sont croisés plus régulièrement ; tout cela aide à garder de l’intérêt dans la progression. Mais il y a bien quelque chose de dommage là-dedans, un petit regret qui peut paraître idiot : une des meilleures fonctionnalités, la pièce d’équipement la plus stylée de tout l’attirail de notre héros, n'est accessible que pour le dernier chapitre…

Oh, et il ne s’agit même pas de la moto. Cet engin-là, vous le récupérez vers le milieu de l’aventure : après les premières missions à traverser divers secteurs de Dharma, Jack enfourche cette nouvelle monture et se fraye un chemin vers l’extérieur, vers des terres désolées et couvertes de ruines (changement de décor fort salvateur, d’ailleurs).

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En soi, le maniement de la bête est peut-être le seul point noir de cet épisode. On la conduit en vue “cockpit” et le contrôle est chatouilleux : emporté par la vitesse, il peut arriver de trop virer et de risquer la sortie de route (souvent fatale). Ce manque de précision est accentué par le fait que la vue est fixe : il aurait été agréable de pouvoir au moins un peu bouger la tête durant la conduite, histoire de mieux anticiper certains obstacles ou passages délicats.

Bon, oui, le maniement est donc un peu contraignant. Mais les routes que vous empruntez envoient quand même du lourd : des portes massives qui se ferment sur vous, des lasers qui s’activent autour, des sauts au-dessus du vide, des courses à quelques pas du vide et d’autres éléments à vous laisser bouche bée. Le spectacle et le grandiose font régulièrement du stop sur le bas-côté et c’est avec plaisir qu’on les embarque pour faire un tour. Ajoutons aussi qu’on nous propose parfois de faire quelques cabrioles bien stylées en chemin, plaisir qu’on ne peut décemment pas bouder.

La plupart du temps, ces courses se font sur des niveaux en couloirs. Mais il y a une carte bien plus vaste dans laquelle vous serez amené à rouler un peu plus librement avec la possibilité de descendre à loisir de l’engin ; il serait présomptueux de parler de monde ouvert à cette échelle, mais le principe laisse rêveur pour une potentielle suite.

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Au rang des changements, il faut parler des améliorations : amélioration de certaines actions, optimisation de l'énergie, ajouts d'effets supplémentaires... Elles sont toujours au rendez-vous, mais le jeu laisse tomber son pseudo-Tetris où il fallait faire rentrer diverses formes dans un espace restreint.

Cette fois, des unités sont récupérées après chaque confrontation. Ces points seront la monnaie pour acheter les compétences auprès d’un terminal et il faudra les installer sur la carte mère du Ghostrunner. Mais forcément, les choses ne sont pas si simples : il existe huit catégories de six compétences chacune, mais la carte mère n’accepte que cinq catégories avec quatre slots pour chacune. Et chaque compétence a un coût en énergie. Et il faudra améliorer la carte mère pour pouvoir les accepter. Et certaines compétences sont soumises à condition. Et on vous laisse découvrir toutes ces subtilités plus en profondeur.

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Mais au final, il faut savoir qu’il est aisé de recueillir les unités nécessaires aux achats. Ce qui est le plus délicat, c’est de dégoter les divers éclats de mémoires cachés un peu partout dans les niveaux.

Cette fois, vous devez vraiment fouiller les moindres recoins si vous tenez à gagner un peu plus de puissance. En chemin, vous pourrez toujours dégotter des sabres (simplement cosmétique), artefacts et enregistrements audio (tous les deux pour le lore). Poussé par le jeu à aller toujours plus en avant, il faudra penser à regarder de temps en temps dans votre dos pour peut-être découvrir de nouveaux passages. Parfois, ces collectibles vous nargueront depuis derrière une grille ou une porte fermée et il faudra en découvrir l’entrée dérobée. Tous les trouver peut donc prendre du temps.

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Et si jamais vous avez tout de même peur de vous ennuyer, sachez qu'un terminal qui déclenche une épreuve défi est caché dans chaque niveau. Chacun propose une épreuve de vitesse (détruire un nombre de cibles d’une certaine manière, atteindre la fin d’une course d’obstacles, …) et la récompense varie selon le rang atteint (points, éclats de mémoire…). Obtenir l’or demandera une grande maîtrise des mouvements du Ghostrunner.

Vous en voulez encore ? Eh bien… Vous vous souvenez du mode “Vague” du premier ? Il est ici de retour dans une version améliorée : RogueRunner.exe. Il s’agit d’un mode de jeu dans lequel une succession de niveaux est générée aléatoirement entre affrontements et parkour. En finir un rapporte des vies ou une compétence spéciale. Et l’objectif est bien entendu d’arriver au terme de la sélection avant de perdre toutes ses vies.

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Parmi les transfuges du précédent jeu, le classement en ligne est de retour, mais toujours limité aux amis exclusivement. Et 34 succès à débloquer s’ajoutent à la fête. Une chose est sûre en tout cas : Ghostrunner 2 ne se moque pas du joueur en termes de contenu.

De la belle mécanique

Le gameplay n’a pas été le seul à être peaufiné dans cette suite. Graphiquement, le jeu est une réussite : les effets de lumière, les reflets, les décors sont très soignés et les ambiances cyberpunk et post-apocalypse sont bien retranscrites. La modélisation des personnages est peut-être juste dans les standards d’aujourd’hui, mais pour le peu qu’on les croise…

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L’audio est également de qualité, mais c’était déjà quelque chose qui se démarquait dans le précédent. À commencer par la bande son synthwave, forcément : le son colle parfaitement à l’ambiance cyberpunk de l’univers et son rythme pousse toujours le joueur à foncer dans les différents niveaux. Les musiques sont ici écrites par Daniel Deluxe (déjà responsable des musiques du premier), We Are Magonia (des Français, cocorico !), Gost, Dan Terminus et Arek Reikowski (déjà responsable des Layers of Fear, Observer, ou the Medium avec Akira Yamaoka).

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Le doublage est également très réussi. Mais il faut être anglophone pour correctement en profiter. Oh, les sous-titres français sont bien là, mais il faudrait encore avoir le temps de les lire. C’était déjà un défaut du premier et il l’est tout autant cette fois encore. Énormément de conversations passent par le canal radio de notre cyborg et il est souvent très occupé pendant que ses confrères papotent : Connor qui explique la situation politique de la Tour pendant qu’on esquive les balles, Zoé qui insiste sur la précarité de leur situation alors qu’on pilote à toute vitesse entre des pièges mortels, Kira qui fait un exposé sur les différentes théories autour des causes de l’apocalypse alors qu’on virevolte au sommet d’un immeuble haut de plusieurs centaines de mètres… On aimerait parfois se poser dans un coin pour écouter ce qu’ils ont à dire, mais ce serait trahir le rythme effréné de l’aventure.

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Outrageusement cool, voilà comment on pourrait qualifier ce Ghostrunner 2. Le premier avait mis en place un gameplay diablement efficace, celui-là le peaufine un peu plus vers la perfection. Il y a bien quelques défauts qui trainent encore, mais le spectaculaire de certaines situations et la redoutable frénésie des combats l’emportent haut la main.

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Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.

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