Test de The Casting of Frank Stone - L'aboutissement de la formule de Supermassive Games ?

Évolution

J'ai couvert chacun des jeux de Supermassive Games sortis ces dernières années : les quatre jeux de la première saison de The Dark Pictures Anthology ainsi que The Quarry. Durant les quatre années, qui ont vu la sortie de quatre jeux, la formule de Supermassive Games a pas mal évolué. Exit la caméra fixe, place à une caméra libre. En outre, leur dernier jeu a intégré un système d'inventaire, des énigmes, des déplacements plus avancés...

Et c'était nul. Tous ces ajouts ont dilué les qualités des jeux du studio de développement britannique, apportant en plus avec eux leur lot de bugs. C'était probablement aussi la conséquence de ce rythme de sortie très intense.

Dans The Casting of Frank Stone, tous ces éléments sont présents. Caméra libre, inventaire (minimaliste), tests d'équilibre, objets à déplacer pour pouvoir accéder à certaines zones, etc. Néanmoins, tout s'intègre parfaitement. Les personnes n'ayant pas joué à un jeu Supermassive Games depuis longtemps seront probablement surprises par tant d'innovations, mais elles s'intègrent vraiment bien au jeu.

Ces ajouts progressifs sont complétés par deux innovations spécifiques pour ce nouveau jeu. En premier lieu, des "tests d'habileté", consistant à cliquer dans une roue en mouvement avec le bon timing. Ces épreuves, guère intéressantes, remplacent l'essentiel des QTE. Il est possible de paramétrer leur difficulté, parmi trois niveaux. Il est même possible de les réussir automatiquement (bien que l'affichage soit un peu étrange) en fouillant dans les paramètres d'accessibilité. En revanche, il n'est pas possible de supprimer complètement ces phases, ce qui était pourtant possible dans The Quarry (et avait valu une nomination aux Games Awards dans la catégorie dédiée à l'accessibilité). Dommage.

L'autre innovation est, elle, bien plus marquante. En effet, le jeu intègre désormais des menaces en temps réel. Concrètement, à certains moments du jeu, une créature menace le joueur. Il est possible de temporairement la repousser, mais cela nécessite de ne pas se faire surprendre par elle.

La conséquence de cette phase est que, pour la première fois dans un jeu Supermassive Games, j'ai réellement eu peur. Je regardais chaque recoin, craignant de me faire attaquer sans pouvoir me défendre. À titre personnel, ce n'est pas ce que je recherche dans leurs jeux - je suis avant tout un fan de jeux narratifs -, mais cela plaira assurément aux amateurs de jeux d'horreur.

"Sauver tout le monde" (enfin presque)

Passons désormais à l'histoire. Elle est très bonne.

Quoi ? Vous attendez davantage de développement ? Je n'en ai pas vraiment envie, car elle contient plusieurs particularités très bien pensées, qui sont racontées au bon moment. Comme pour le gameplay, il y a une vraie maîtrise ici, en particulier en termes de rythme : les révélations sont vraiment marquantes. Pour le reste, je vous laisserai le découvrir par vous-mêmes.

The Casting of Frank Stone demeure fidèle à la promesse de Supermassive Games : tous les personnages peuvent vivre ou mourir. La majorité des morts sont liées aux tests d'habileté que j'évoquais plus tôt et c'est bien dommage, mais il existe aussi quelques choix essentiels, qui peuvent mener à des morts mémorables en cas de mauvaise décision.

J'ai eu, dans The Casting of Frank Stone, une de mes morts les plus marquantes dans un jeu de ce studio et elle découlait entièrement de mes choix.

Cependant, si le jeu propose cinq personnages jouables pouvant aussi bien vivre que mourir, il n'en est pas de même des personnages secondaires évoluant autour de nous : leur destin est déjà écrit et c'est un aspect que je trouve assez frustrant. On a l'impression d'avoir énormément d'embranchements scénaristiques et il existe en effet beaucoup de possibilités, mais les choix ayant un réel impact sont, en définitive, assez peu nombreux.

Replay

Pour s'en convaincre, il suffit de passer un peu de temps dans le meilleur ajout du jeu : la salle de montage. Dans cette dernière, il est possible de visualiser en détail les différents chapitres de l'aventure - décisions, conséquences, objets à collectionner - et surtout de repartir depuis n'importe quel endroit du jeu. C'est vraiment appréciable pour explorer les différents embranchements, surtout qu'il suffit d'obtenir chaque objet une fois.

Cependant, deux limites existent toujours. Premièrement, en solo en tout cas, il semblerait qu'il n'est possible que de faire une seule sauvegarde. Ainsi, repartir depuis un nouveau point via la salle de montage semble effacer la sauvegarde précédente ; il n'est pas possible de faire plusieurs explorations en parallèle, sauf peut-être en recommençant une nouvelle partie de zéro.

Deuxièmement, il n'est toujours pas possible de passer des scènes déjà vues. Vous avez perdu un personnage très tôt dans le jeu et désirez sauver tout le monde ? Il faudra tout refaire depuis le moment de sa mort.

Conclusion

Suis-je un éternel insatisfait ? Quand je vois le jeu, je remarque plein de petites choses que j'aurais souhaitées : avoir encore plus de choix, permettant également de changer la destinée des personnages secondaires ; pouvoir passer les scènes déjà vues, pour explorer plus facilement les choix et leur impact ; pouvoir entièrement passer les QTE, comme dans The Quarry.

Néanmoins, ce que je retiens surtout de The Casting of Frank Stone, c'est que c'est le jeu le plus abouti de Supermassive Games depuis Man of Medan. J'avais adoré ce dernier, mais la formule avait besoin d'innovations et celles-ci ne sont pleinement digérées que dans le titre publié par Behaviour Interactive. C'est la preuve qu'en donnant du temps à des développeurs talentueux, ils peuvent accomplir de grandes choses. Espérons que cela se verra encore dans Directive 8020, attendu l'an prochain.

Test réalisé sur PlayStation 5 par Alandring grâce à une version fournie par l'éditeur.