Test d'Hell is Us (PC) - Je m'appelle Rémi

Développé par le studio Rogue Factor (Necromunda: Underhive Wars, Mordheim...), Hell is Us est un jeu mêlant différents genres pour nous donner une expérience des plus troublantes manette en main. Une des volontés du studio était de créer un jeu sans aucune réelle assistance dans son exploration ; est-ce réussi ?

Rémi et le monde

Votre aventure se déroule dans l’univers d’Hadéa, que l’on pourrait aisément assimiler à une Europe de l’Est des années 90. Après des années d’exil, Rémi, un soldat de l’ONU, revient au pays natal pour comprendre ce qui s’y passe et affronter certains traumatismes de son passé. Le personnage principal évolue ainsi dans un monde dans lequel la guerre civile fait rage entre deux peuples, sur fond d’événements surnaturels inquiétants.

Si le lore de Hell is Us paraît simpliste au premier abord, avec un héros doté du charisme d’un Artyom sous anxiolytiques, il s’étoffe grâce aux nombreux écrits et témoignages de personnages non-joueurs. La plupart des PNJ rencontrés ont une histoire à raconter, liée soit au conflit, soit à la Calamité. Ces fragments permettent de mieux comprendre les événements et d’établir des parallèles contemporains intéressants.

ss_c4b06aca02973e521e0257e77ff5c2f058bc5364.1920x1080.jpg
ss_616c2bfc0286ec656d334213eff257806903a93c.1920x1080.jpg

L’univers d’Hadéa est rude, sans filtre, et vous confronte directement à des sujets complexes et désastreux. Le jeu a l’intelligence d’éviter le voyeurisme : il préfère montrer les conséquences de la guerre à travers la psychologie des personnages croisés. C’est un point fort, généralement bien travaillé, aussi bien dans le contenu annexe que dans l’histoire principale. Petit bémol cependant : certaines quêtes secondaires doivent impérativement être achevées avant d’atteindre un certain palier narratif, sous peine d’échec cuisant et de conséquences souvent funestes pour le PNJ concerné. Exemple frappant : un musicien, incapable de jouer une autre mélodie que la sienne, sera exécuté par des soldats si vous ne lui apportez pas à temps une partition différente.

Le jeu se démarque également par ses nombreuses énigmes, dont la volonté est de laisser le joueur se débrouiller seul. Pas d’indice automatique ou de personnage-guide au bout de cinq minutes : il faut observer son environnement, décrypter des symboles et recomposer des combinaisons pour progresser.

Rémi et la bagarre

On pourrait aisément comparer Hell Is Us à un Souls-like, mais ce n’est pas vraiment le cas. Dire « il y a une roulade, donc c’est un Souls » serait réducteur. Le système de combat se situe dans une zone bâtarde : il emprunte quelques éléments aux Souls, sans en atteindre la profondeur. On retrouve par exemple un mécanisme proche de la régénération de santé de Bloodborne, combiné avec le Ki de Nioh pour récupérer à la fois vitalité et endurance. Toutefois, l’endurance s’avère beaucoup moins cruciale que dans un Souls : on y prête rarement attention. La profondeur du gameplay repose surtout sur les compétences, qui complètent un système basique de coups faibles et forts — sans réelle synergie entre les deux.

ss_8696fc095087e89a0b26f6b64366ec8c86bf9d69.1920x1080.jpg
ss_9373dfcac157c6ab6939ea31a5b9a2b117cb7bbc.1920x1080.jpg

Côté ennemis, le bestiaire, bien que thématiquement intéressant, reste limité. La difficulté des combats provient surtout de deux facteurs : l’affrontement contre des groupes nombreux, et les Hazes, sortes de protections émotionnelles qu’il faut détruire pour rendre les monstres vulnérables. L’arsenal, lui, se réduit à quatre armes principales (épée à une main, épée à deux mains, arme d’hast et double hache). Résultat : le système de combat, générique et peu marquant, ne restera pas dans les mémoires. Le jeu compense par des options de difficulté modulables, permettant d’adapter l’expérience. Il n’est d’ailleurs pas punitif : en cas de mort, vous réapparaissez au dernier point de passage, avec tout votre inventaire intact. Pas besoin de recommencer en boucle une zone pour regagner quelques objets.

Rémi et la conclusion

La qualité de Hell Is Us repose avant tout sur son univers et son ambiance, globalement bien travaillés. On regrette en revanche une version française très inégale (faites-le en VO, vraiment), alors même que le jeu possède de grandes qualités sonores. Graphiquement, il ne révolutionne pas le marché, mais propose des environnements détaillés et cohérents pour un titre AA. Reste cette impression de jouer à un jeu d’une autre époque en matière d’animations de personnages, bien que la mise en scène se montre parfois plus inspirée que celle de productions récentes.

ss_c6420209a2e161e80a3fe30c2b55a2d0bff37736.1920x1080.jpg
ss_e26aca4af87e70b9a910b8d5d9c5545bdc431495.1920x1080.jpg

En définitive, Hell Is Us est un projet imparfait, rempli de bonnes idées, qui brille surtout par sa qualité d’écriture, aussi bien dans la trame principale que dans les quêtes secondaires. Son statut de AA implique forcément quelques faux pas, mais l’expérience demeure globalement agréable, parfois fascinante. Avec une durée de vie comprise entre 25 et 30 heures, on n’est clairement pas déçu du voyage.

Disponible sur PlayStation 5, Xbox Series et PC au prix de 50 €, Hell Is Us est un titre inégal mais captivant, qui vous marquera par son écriture, son exploration rétro et son univers singulier. Un jeu à découvrir, même si l’on peut attendre une baisse de prix pour s’y lancer.

Test rédigé par Glaystal, via une copie fournie par l'éditeur

Réactions


Personne n'a encore réagi. Soyez le premier.