Aperçu de Sea of Thieves : attirant, mais inquiétant

Depuis mercredi dernier, Sea of Thieves est en bêta fermée, accessible à ceux ayant précommandé le jeu ou aux membres du programme insider du jeu. C'était l'occasion de se frotter au jeu et de se faire un premier avis concret, moins de deux mois avant la sortie. Alors, conquis ?

Pirate day

Posons le cadre pour ceux qui auraient manqué un wagon : Sea of Thieves est un jeu vidéo développé par Rare et édité par Microsoft, exclusivement et sur Xbox One et PC tournant sous Windows 10. Membre du programme Xbox Play Anywhere de Microsoft, le jeu est disponible en cross-play, cross-save et cross-buy entre les deux plateformes. Sea of Thieves sortira le 20 mars 2018 et sera vendu 70€. Il s'agit aussi du premier jeu Microsoft qui sera accessible dès sa sortie aux abonnés du Xbox Game Pass.

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Les joueurs incarnent des pirates et doivent accomplir différentes chasses au trésor et/ou détrousser d'autres joueurs. Plus concrètement, l'objectif du jeu est d'obtenir des coffres aux trésors, qui pourront être revendus afin de se procurer tout un tas d'objets de personnalisation (armes, tenues, outils, etc.). Pour les obtenir, trois solutions.

Premièrement, il est possible d'acquérir des cartes au trésor. Celles-ci mènent vers un ou plusieurs coffre, de manière plus ou moins directe : dans certains cas, l'endroit où creuser est indiqué avec une grosse croix, mais dans d'autres il faudra résoudre une énigme ; certaines énigmes peuvent être assez corsées. De même, certaines quêtes possèdent plusieurs chapitres consécutifs avant leur conclusion, emportant le joueur dans une longue balade à travers le monde.

Néanmoins, acheter des cartes n'est pas le seul moyen de trouver des coffres. En effet, il existe une deuxième solution : les trouver par soi-même. Ainsi, il est possible d'explorer les îles dans le but de trouver des coffres cachés, notamment dans les grottes. De même, le monde du jeu est parsemé d'épaves immergées, qui elles aussi contiennent généralement des coffres. Cela offre une expérience de jeu différente - privilégiant l'observation à la déduction - et bienvenue. Il est en outre nécessaire de se méfier des requins, sous peine de mourir avant de ramener son butin au bercail.

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Cependant, si le jeu en restait là, il n'aurait guère d'intérêt ; ce ne serait en somme qu'une vaste succession de quêtes Fedex. Heureusement, un autre élément améliore nettement la saveur du jeu : le PvP. Le monde de Sea of Thieves est instancié, mais chaque instance contient plusieurs groupes de joueurs. Il est difficile de dire combien exactement, mais ce nombre semble assez équilibré : les autres joueurs ne sont pas trop présents, permettant de se concentrer sur sa propre expérience, mais ils sont là malgré tout. C'est là ce qui fait tout le sel du jeu. En effet, en cas de naufrage, l'intégralité du contenu du navire est perdu. Cela signifie que tant que les coffres ne sont pas revendus, ils peuvent être dérobés, que ce soit en détruisant le bateau ou en profitant de l'absence de ses passagers. Le PvP est loin d'être permanent, mais il est indispensable d'être toujours sur ses gardes : une attaque peut survenir à tout moment. Cela offre une expérience originale, qui lie avec brio PvE et PvP. Sea of Thieves est un peu des deux et c'est ce qui fait la grande force du titre.

Requins squelettes

Heureusement, d'ailleurs. Le gameplay est assez bien pensé, qu'il s'agisse de la navigation ou des combats, en mer comme sur la terre ferme. L'ensemble est assez arcade : les canons se rechargent par exemple particulièrement vite. Néanmoins, le game design est convaincant et réalise l'essentiel : mettre en valeur le travail d'équipe. Les tâches sont multiples à bord du vaisseau et ce même en l'absence d'ennemis : diriger le gouvernail, utiliser les voiles, lever ou jeter l'ancre, observer les alentours depuis la vigie, regarder la carte pour s'assurer de la direction à suivre, etc.

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L'expérience multi-joueurs est donc très bonne. Néanmoins, les missions proposées, durant cette bêta du moins, ne sont pas à la hauteur. Le bestiaire est extrêmement limité : il ne se compose que de squelettes et de requins et ces ennemis ne présentent aucune difficulté réelle. Si le jeu se limitait à cette partie, il serait déserté en quelques semaines, tant le contenu semble pauvre. Toutefois, précisons à nouveau qu'il ne s'agit que d'un retour basé sur la bêta : Rare a déjà annoncé que le contenu de la bêta était volontairement limité. Des options de personnalisation supplémentaire et d'autres monstres sont notamment confirmés. L'offre finale devrait donc être plus riche, mais il reste à savoir si ce sera suffisant.

De la même façon, le PvP est surtout intéressant grâce au stress de tout perdre. À nouveau, le gameplay est agréable, mais les combats ont tendance à traîner en longueur, en raison des possibilités de réparer les trous dans la coque et de ressusciter en cas de mort. Si vous cherchez un pur jeu d'affrontement, il faudra probablement lorgner du côté de Skull & Bones, lui aussi prévu cette année.

For every kind of badass ?

En soi, ces éléments ne m'inquiètent cependant pas trop. En effet, l'équilibre entre PvP et PvE semble bien maîtrisé, dynamisant les deux aspects. De plus, hormis quelques problèmes de serveurs saturés, la technique semble irréprochable, ce qui est de bonne augure pour le lancement à venir. Non, mon problème est ailleurs : au lancement du jeu.

Actuellement, Sea of Thieves offre trois possibilités : jouer seul, à deux ou à quatre. Chaque option engendre un type de bateau, adapté au nombre de joueurs. Si vous possédez le bon nombre d'amis, vous pourrez vous lancer à l'aventure ; dans le cas contraire, un système de match making existe. Il est appréciable que Rare pense aux joueurs solitaires et leur permette aussi bien de jouer seul que de trouver d'autres personnes. Ce que je trouve regrettable, en revanche, c'est cette limite fixe du nombre de joueurs. Prenons deux exemples concrets pour cela.

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Si vous êtes trois joueurs, vous ne pouvez pas faire une session privée. Soit vous vous séparez en un groupe de deux et une personne seule - chaque groupe dans une instance différente - soit vous jouez ensemble, mais avec un inconnu imposé par le système de match making. Une expérience potentiellement désagréable, tant pour le quatrième joueur que pour les trois autres. Si un indésirable rejoint la partie, vous pouvez aisément le mettre en prison. De même, plusieurs options de communication et de collaboration sont proposées en jeu, facilitant le jeu avec des inconnus. Toutefois, il est regrettable de ne pas pouvoir jouer à trois, tout simplement.

Si vous êtres cinq (ou davantage), la situation est pire encore : il est strictement impossible de jouer tous ensemble. Pourtant, il serait parfaitement possible d'être à cinq sur un seul grand bateau, sans que ce ne soit ennuyant pour qui que ce soit. Il est triste que Rare impose ainsi une limite maximale, car cela semble peu adapté à l'expérience du jeu et que cela peut se révéler frustrant.

À l'eau ou à l'huile ?

Je me souviendrai de cette bêta fermée comme beaucoup de bons moments passés avec mes amis. J'ai donc un avis globalement positif, principalement grâce à l'équilibre bien trouvé entre PvP et PvE. Néanmoins, je conserve plusieurs inquiétudes, qui trouveront confirmation ou non lors de la sortie commerciale. Le contenu proposé sera-t-il plus riche ? Pourrons-nous jouer avec nos amis, quel que soit leur nombre ? De ces questions découleront probablement le succès ou l'échec de ce jeu très attendu.

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Aperçu réalisé par Alandring à partir d'une clef bêta fournie par l'éditeur.

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