Test de Starfield - Des étoiles à la fois si proches et si lointaines

Pour sa première nouvelle licence depuis une éternité, Bethesda a décidé de sortir le grand jeu avec Starfield. Un titre ambitieux qui tire son inspiration de nombreux jeux à succès. Mais également un titre qui respecte à la lettre la formule Bethesda, pour le meilleur et pour le pire.

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Exploitation de mineur

Tout débute alors que nous entamons notre première journée de travail au fin fond d’une mine. Parce que nous sommes le petit nouveau, c’est à nous que revient l’honneur d’aller enquêter sur une mystérieuse source d’énergie détectée au fond d’une veine récemment ouverte. La source d’énergie s’avère être un mystérieux artefact qui a vite fait de nous plonger dans les vapes lorsque nous le touchons, non sans nous proposer d’abord un spectacle sons et lumières. À peine remis de notre trip qu’un envoyé de la mystérieuse organisation Constellation nous file les clés de son vaisseau, à charge pour nous de conduire le MacGuffin du jeu jusqu’au quartier général de l’organisation. Voilà pour la partie obligatoire du scénario, car dès votre petite livraison effectuée, vous êtes libre de faire un peu ce que vous voulez dans l’univers qui s’offre à vous.

Le bidule par qui tout commence
Réunion du Club

Premier contact

Comme d’habitude chez Bethesda, le jeu nous propose de créer notre personnage de A à Z. N’espérez tout de même pas faire des folies, l’univers de Starfield est essentiellement composé d’humains. S.F. mais pas trop, l’animal. Le menu de création de personnage se montre plutôt complet et vous permet de choisir le type de corps (athlétique, mince, etc.) et de personnaliser le visage de votre avatar dans les moindres détails. Sympa. On remarquera également la possibilité de choisir des antécédents qui définiront vos compétences de départ, j’y reviendrai dans le paragraphe suivant. Enfin, vous pouvez donner jusqu'à trois traits à votre personnage. Comme dans Fallout, ces traits vous accordent des avantages en contrepartie de certaines pénalités. Il y en a un peu pour tous les goûts, ce qui va du trait qui vous accorde un avantage lorsque vous jouez sans compagnon à des traits liés aux principales factions du jeu. Vous noterez par contre l’absence de toutes notions de statistiques, Bethesda épure encore un peu plus la dimension RPG de son jeu.

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Le système de progression s’inspire lui aussi de celui de Fallout 4, mais avec une petite subtilité. Vous gagnez ainsi de l’expérience en accomplissant des quêtes ou en tuant des ennemis, jusqu’à gagner un niveau qui accorde un point de compétence. Les compétences sont réparties en cinq catégories. On retrouve les grands classiques comme la furtivité ou des compétences d’armes, mais également des compétences spécifiques au pilotage du vaisseau ou à la gestion des ressources que vous pouvez découvrir en explorant des planètes. Chaque catégorie possède plusieurs paliers qui se débloqueront lorsque vous aurez dépensé suffisamment de points dans les paliers précédents. Enfin, une compétence est également divisée en plusieurs rangs, de plus en plus efficace. Toutefois, Bethesda a décidé de ralentir un peu les joueurs dans l’obtention des rangs de compétences avancés. Chaque rang vous demande effectivement d’accomplir un petit défi pour débloquer le rang suivant. Autant le principe peut se faire assez naturellement pour certains types de défis (« tue 50 créatures avec tel type d’arme »), autant il est terriblement chiant pour d’autres. Le crochetage est probablement l'exemple le plus significatif de l'absurdité du système : les paliers les plus bas sont plus compliqués à débloquer que les paliers avancés simplement parce que vous avez accès à moins de serrures. Car oui, pas question d'essayer de crocheter une serrure de niveau expert si vous n'êtes que débutant.

Étoiles et vieilles pantoufles

Dans la manière dont il est construit, Starfield ne surprend pas. C’est un jeu Bethesda pur jus dans lequel on retrouve immédiatement ses marques. Les activités ne manquent pas tant il suffit de passer quelques minutes en ville pour se voir littéralement bombarder de quêtes diverses. Ceci dit, rien n’est vraiment obligatoire. Ainsi, il est tout à fait possible de tracer sa route à travers le jeu en ligne droite, en se concentrant sur la quête principale, pour profiter au plus vite du NG+. Celui-ci est d’ailleurs pensé comme une partie intégrante de la narration du jeu... mais vous fait perdre toute votre progression dans le monde ouvert, seule votre expérience et vos compétences passent le cap. Cependant, vous pouvez au contraire choisir d’ignorer totalement Constellation et de vivre sa propre aventure en rejoignant les diverses factions qui peuplent le jeu. Ou encore de se trouver sa petite planète à soit pour y bâtir un avant-poste d’où observer les étoiles. Ou même de s’acheter ou de construire son propre vaisseau et se lancer dans des activités plus ou moins légales dans l’espace. Notons quand même que le jeu vire au grind dès que l'on s'attaque aux activités annexes comme la construction d'avant-postes.

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On retrouve également la patte de Bethesda dans la gestion de l’équipement. Le loot est bien sûr omniprésent dans le jeu, avec une grande variété d’armes mise à notre disposition. L’équipement possède divers niveaux de rareté (du plus commun au légendaire) qui impacte moins ses stats que les traits dont est doté l’objet. En effet, plus l’objet est rare, plus il peut se voir doté de certains effets bonus (possibilité d’empoisonner les ennemis lors d’un tir, bonus ou réduction des dégâts contre un type d’ennemis particuliers, etc). À la manière de Fallout 4 (décidément), c’est le niveau de difficulté qui détermine les probabilités d’obtenir de l’équipement de plus haute qualité. Les fashion-victims seront par contre déçues devant le nombre peu élevé d’emplacements d’armures. Un casque, un jetpack (loin d’être aussi fun et utile que celui de Mass Effect Andromeda), une combinaison spatiale et une tenue civile seront vos seuls équipements sur ce point. On notera toutefois que tout l’équipement est entièrement customisable, à la manière de Fallout 4. Vous pourrez donc à loisir modifier vos armes et armures sur de nombreux points à l’aide des ateliers que l’on trouve un peu partout dans le jeu. Une bonne raison de consacrer un peu de temps à collecter des ressources sur les différentes planètes que vous visiterez.

Skyrim spatial, vraiment ?

Y a des néons, c'est donc de la SF
Y a des néons, c'est donc de la SF
Je ne sais pas pour vous, mais j’adore les mondes ouverts de Bethesda. Plus précisément, j’adore la sensation que l’on éprouve lorsqu’on part pour une quête et qu’on s’aperçoit, 3 heures plus tard, qu’on s’est éloigné de notre objectif à force d’explorer des lieux que l’on a découverts sur le chemin. À l’annonce de Starfield, on pouvait se demander comment Bethesda allait s’y prendre pour retrouver ce goût de l’exploration dans un monde aussi gigantesque. La réponse est aussi simple que décevante : Bethesda ne l’a pas fait. Vous pouvez vous poser n’importe où, le jeu génèrera alors des points d’intérêts proches de votre zone d’atterrissage. Cependant, il ne faut que quelques heures pour voir les limites du système. Il ne sera ainsi par rare de tomber sur des bases de spatiards (terme générique pour désigner les pillards spatiaux) absolument identiques. Même level-design, même positionnement des ennemis, des coffres ou des objets à récupérer. L’illusion ne tient donc pas longtemps et tout cela semble vite artificiel. On peut d’ailleurs regretter le manque de folie générale de Starfield, le jeu ne s’éloignant jamais vraiment d’une science-fiction très humano-centrée.

Un autre élément jette une ombre sur toute la partie exploration : rarement un jeu Bethesda n’aura autant encouragé les joueurs à user du voyage rapide. Le jeu est grand. Trop grand pour qu’il en soit autrement. Vous rendre quelque part prend une plombe, dans l’espace comme sur la surface d’une planète. Bethesda n’a en effet pas jugé judicieux d’intégrer des véhicules roulants à son jeu. Alors, on se résout à l’utiliser ce voyage rapide, ce qui casse terriblement l’immersion puisque le jeu se résume souvent à « prendre une quête, se téléporter à destination, accomplir la quête, se téléporter ailleurs et recommencer ». Le système de vol spatial est correct et pas difficile à prendre en main. On peut repartir l’énergie de notre vaisseau entre différents systèmes (armement, moteur, bouclier, etc). Lorsqu’un combat spatial nous tombe dessus, il faudra utiliser judicieusement nos systèmes d’armes pour éliminer les ennemis avant de fouiller les épaves en quête de loot. Notez qu’avec la bonne compétence, il est possible de cibler plus spécifiquement les systèmes ennemis et d’aborder un vaisseau après l’avoir immobilisé.

Une technique à des années lumières

Message subliminal ?
Message subliminal ?
Il y avait de quoi avoir peur de la sortie de Starfield lorsqu’on regarde les dernières productions sorties d’un studio de Bethesda. Que ce soit directement (Fallout 76) ou indirectement (Redfall). C’est donc avec plaisir que l’on constate que Starfield est étonnamment propre à sa sortie. Le jeu n’est bien sûr pas dépourvu de bugs et on peut ici et là se retrouver devant un trigger de quête qui reste bloqué sans raison. On croise également des personnages méprisant les collisions avec les murs ou qui disparaissent devant nos yeux ébahis. La gestion de la foule dans les villes a elle-aussi beaucoup de mal à éviter les clones et on remarque régulièrement que les passants n’ont pas le droit au même soin visuel que les personnages importants. Bien que Starfield utilise une nouvelle version du moteur maison de Bethesda, j’ai du mal à qualifier le jeu de « beau ». Il est parfois artistiquement réussi, quand les astres s’alignent, mais on reste très loin de la concurrence. Il est également dommage que les écrans de chargements soient toujours aussi présents. Plus gênant, le jeu semble assez gourmand pour ce qu’il affiche. Sur ma RTX 3060, je voyais régulièrement le framerate osciller entre 50 et 70 ips selon les lieux. Pas idéal. Rappelons que Starfield ne supporte (officiellement) que le FSR 2 d’AMD comme méthode d’upscaling. La synchronisation labiales est également un point noir. Je ne remets pas ici en cause les doubleurs de la version française, mais le décalage constant entre le son et le mouvement des lèvres m'a rapidement fait passer à la VO. L'occasion de signaler qu'il est possible de jouer en langue anglaise avec des sous-titres français. Enfin, vous serez sans doute ravi d'apprendre que le jeu ne supporte toujours pas l'AZERTY et que vous êtes (de nouveau) bon pour passer un moment à reconfigurer les touches. Merci Bethesda pour cette petite attention.

Naphtaline

Starfield illustre à quel point la formule des jeux de Bethesda commence à dater. La mise en scène des dialogues n’a par exemple pas évolué depuis Skyrim, avec vos interlocuteurs statiques qui ont bien du mal à se tourner pour vous faire face. Sur ce point, la concurrence a pris de l’avance. Il est également impossible de donner des ordres simples à vos équipiers sans passer par un dialogue. L'IA est toujours joyeusement débile, vous oubliant dès que vous sortez de son champs de vision assez longtemps. L’interface reste encore et toujours imbitable alors que les moddeurs vont l’améliorer en à peine quelques jours. Car cela non plus n’a pas changé, nul doute que Starfield atteindra son plein potentiel lorsque les moddeurs auront mis la main à la pâte pour améliorer le jeu. Finalement, déterminer à qui Starfield s’adresse est assez simple. Si vous êtes fan de la formule Fallout 4, de ses settlements et qu’abuser du voyage rapide pour parcourir le monde du jeu ne vous dérange pas, Starfield est fait pour vous. C'est le même jeu, mais en version SF, avec de meilleures sensations de tir. Si à l'inverse, votre référence des jeux Bethesda repose sur Skyrim et que vous trouvez votre kif dans le plaisir de l'exploration qui vous pousse à aller voir ce qui se trouve au bout du chemin que vous venez de croiser, Starfield aura tout d’une déception.

Attention à ton cou
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L'avis de Dunta sur la version Xbox: SeriesField

En plus de l'exploration menée par le vaillant Grim sur PC, Dunta a également eu l'occasion d'embarquer à bord du Frontier sur Xbox Series X. Accompagné d'un écran LG55C2 avec Dolby Vision, les conditions étaient optimales pour une expérience complète de cette invitation au voyage intergalactique. Si le titre n'est pas aussi beau que d'autres jeux récents, la direction artistique ainsi que le travail fait sur le son rendent l'expérience particulièrement agréable à l'échelle macroscopique. Néanmoins, c'est quand on commence à regarder dans les détails que l'on remarque que le soin apporté à certains PNJ ou certains environnement est plus léger et dénote, sans pour autant gâcher l'expérience. Pour vous donner un aperçu du rendu, l'ensemble des captures liées à ce paragraphe ont été faites directement sur la console.

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Disponible en 4k sur Series X/1440p sur Series S, le jeu est verrouillé à 30FPS sur console pour des questions de "cohérence des performances" des dires de Bethesda. Si ce choix s'avère frustrant pour de nombreux joueurs attendant du 60FPS minimum sur curren- gen, force est de constater qu'il permet de bénéficier d'une fluidité constante à l'écran. En 30h d'exploration, un seul léger ralentissement a été relevé, dans une zone particulièrement peuplée. L'expérience reste donc aussi stable que solide, ce que la plupart des joueurs demanderont au final. De surcroit, comme l'a souligné Grim, le jeu est particulièrement propre au vu de son envergure et les bugs sont loin d'être légions.

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D'un point de vue jouabilité, l'expérience est très agréable manette en main. Pour autant, le jeu n'étant pas très prodigue en informations et tutoriels, tout n'est pas forcément évident voire logique. Habitué des FPS, vous serez surpris de voir que le saut n'est pas attribué à la touche A, mais à la touche Y. Dans le même genre, saviez-vous que maintenir la touche X sur un objet permet de le porter et le déplacer à sa guise ? Et pour jeter une grenade, qu'il faut d'abord l'équiper dans le menu dédié puis l'utiliser avec le bouton RB ?
Si le menu "Aide" est rapidement incontournable pour en apprendre plus sur les possibilités d'actions, nous aurions apprécié un peu plus d'accompagnement. Dans une époque où les sidekicks ont la fâcheuse tendance à vous spoiler la moindre action à réaliser (Coucou God of War Ragnarök, Horizon Forbidden West ou A Plague Tale: Requiem pour ne citer que vous), Starfield prend le joueur à contrepied en lui proposant un voyage temporel de 10 ans en arrière. Enfin, sachez qu'il est possible de réaffecter les différentes actions du jeu à une touche de son choix dans les options pour les joueurs qui seraient les plus agacés des choix proposés. C'est au moins ça !
Au passage, petit coup de gueule. Bien que je ne sois pas personnellement impacté, je considère que nous sommes tous concernés par les questions d'accessibilité. Quand Microsoft mettait fièrement en avant l'inclusion de Forza Horizon 5 en 2021 (https://jv.jeuxonline.info/actualite...-mexique-grave) et s'en servait comme porte-étendard, proposer uniquement des sous-titres et une police des menus agrandie est impardonnable pour une entreprise à l'aura aussi majeure que Bethesda. Il est clairement surprenant que Microsoft n'ait pas imposé le même standard qu'à ses Xbox Game Studios.

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En conclusion, Starfield est typiquement le genre d'expérience qui souffle autant le chaud que le froid. Si l'expérience est régulièrement envoutante, elle peut s'avérer tout autant étouffante au vu de la quantité astronomique de chose que vous pourrez faire. En vrac, citons la construction/personnalisation de vaisseaux, la quête principale et son NG+ avec un vrai impact, les multiples factions et leurs propres histoires, l'exploration spatiale et la recherche de nouveaux matériaux, le développement de vos avants-postes, la romance de vos alliés ou encore une carrière de vendeur de contrebande. Et ce n'est qu'une partie de ce qui est réalisable.
Alors oui, on est dans du Bethesda pur jus, avec tout ce que ça implique de bon et de moins bon. Si vous n'avez pas adhéré à leurs précédents hits tel que Skyrim ou Fallout 4, il y a fort à parier que Starfield vous tombera rapidement des mains. Mais si ces titres éveillent en vous des souvenirs chaleureux, alors vous êtes probablement prêt à enfiler votre combinaison et partir supporter le 1er degré de Vasco du côté de la galaxie d'Andromède.
Après tout, ne dit-on pas que ce n'est pas la destination qui compte, mais bien le voyage ?

Conclusion

Paradoxe que ce Starfield qui a été prendre des idées dans toute une série de jeux populaires de ces dernières années, mais qui en fait rappelle surtout la dernière production de Bethesda. Starfield est-il un mauvais jeu ? Non, pas vraiment. Mais il n’est pas non plus le jeu qu’il aurait sans doute voulu être et encore moins celui que les joueurs espéraient. Là où on aurait pu espérer que les inspirations de Starfield tireraient le jeu vers de nouveaux horizons, il n’en est rien et le jeu semble au contraire avoir déjà dix ans de retard. Un jeu clivant qui est malheureusement trop fidèle aux habitudes de son studio de développement.

Test réalisé par Grim (sur PC) et Dunta (sur Xbox Series X) à l'aide de clés fournies par l'éditeur

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