Test de Lost Records: Bloom & Rage - Pourquoi ?
Le 15 avril est sortie la deuxième partie de Lost Records: Bloom & Rage. Il est donc désormais possible de se faire un avis définitif.
Précédemment dans Disques perdus : floraison et rage
J'ai déjà beaucoup décrit le jeu dans mon aperçu de février dernier. Si vous ne l'avez pas lu, je vous recommande de le faire et de passer directement au prochain paragraphe. Si vous n'en avez pas envie ou souhaitez que je vous rafraichisse la mémoire, c'est parti.
Lost Records se déroule entre deux temporalités et se concentre sur quatre amies qui se retrouvent vingt-sept ans plus tard pour discuter des événements de l'été 1995. Tout l'enjeu pour le joueur est donc de découvrir ce qu'il s'est passé à l'époque.
Pour ce faire, il incarne Swann, la moins charismatique du lot. C'est lié à son physique, mais au moins autant à son caractère : Swann ne cesse de se dévaloriser et les choix de dialogue sont souvent tous négatifs. Il est régulièrement arrivé que je décide de ne rien dire juste parce qu'aucune des deux options n'était satisfaisante.
À la manière des photos de Life is Strange et des dessins de Life is Strange 2, le joueur peut filmer les environnements. Cela m'avait semblé être une bonne idée à l'époque de mon premier aperçu, mais il y a tellement d'éléments à filmer (quarante-trois lors d'une scène !) que j'ai rapidement renoncé.
Ces bases étant posées, faisons un saut de deux mois.
57 jours plus tard
En février dernier, je m'étonnais du choix de couper le jeu en deux. Je n'ai toujours pas compris cette décision. En effet, le retour a été difficile : il a fallu replonger dans une histoire qui ne m'intéressait pas vraiment, avec des personnages auxquels je ne m'étais pas attaché.La première partie se termine sur un cliffhanger, qui est le thème principal de la seconde. Il y a donc bien un changement de ton, mais cela ne justifie pas, à mon sens, la coupure de deux mois. Surtout que celle-ci est néfaste au jeu lui-même.
À un moment, un personnage nous demande de lui donner sa brosse à dents puis son magazine. Aucun indice n'est donné : il faut se souvenir des informations qu'on a obtenues sur elle. Cela pourrait être intéressant, mais ces informations, on les a eues dans la première partie. Déjà qu'il s'agit de détails insignifiants, devoir en plus s'en souvenir rend cela extrêmement compliqué.
Tinder
Certes, mais identifier une brosse à dents, ce n'est pas essentiel, non ? Bien au contraire : c'est la seule chose importante du jeu.
En effet, bien que Lost Records soit un jeu narratif, il repose en réalité très peu sur les choix du joueur. La progression de l'aventure est extrêmement linéaire, ce qui est à mon sens un de ses principaux points faibles. Ainsi, dans la dernière partie du jeu, j'ai été contraint de faire des actions avec lesquelles j'étais en désaccord moral, sauf que je n'avais pas la possibilité de l'exprimer.
On a eu l'habitude, lors des précédents jeux de Don't Nod - ou les Life is Strange de Deck Nine -, à avoir un récapitulatif distingant les choix mineurs et les décisions majeures. De même, le premier Life is Strange parvenait à proposer un ultime choix marquant, qui a divisé la communauté de manière presque égale. Rien de tout cela dans Lost Records. C'est bien simple : il n'y a aucun choix majeur.
Cependant, ce n'est pas pour autant que les décisions du joueur n'ont pas d'impact. C'est seulement que ces décisions se font en permanence, via le système de relations. Chaque dialogue a un impact, positif ou négatif, sur la relation de Swann avec les trois autres filles. Il peut en découler une romance entre elles, mais les conséquences vont au-delà : les autres personnages ont des actions différentes selon leur relation, pouvant aller jusqu'à partir avant la fin du jeu. Aboutissement de cela, la scène finale, le climax, a neuf variations possibles. Néanmoins, ces variations sont le plus bel exemple de "choix Telltale" jamais produit par Don't nod. En effet, quel que soit le chemin emprunté, la destination est la même.Grand méchant loup
C'est tout le paradoxe de Lost Records : tous les chemins mènent à la même destination. En outre, si les relations ont un impact sur le déroulement des événements, les interactions avec un personnage - l'antagoniste - n'en ont strictement aucun.
Est-ce un hasard qu'il s'agisse du seul personnage masculin du casting ? Probablement pas. Lost Records est centré sur ses personnages féminins ainsi que sur ses options de romance lesbienne - et il le fait très bien. Cependant, il est aussi caricatural dans sa représentation des personnages masculins - et des romances hétérosexuelles - que ne le sont les pires œuvres de fictions remplies de male gaze des années 2000. Si le but était de dénoncer implicitement ces dernières, il est atteint, mais je ne suis pas certain que ce soit volontaire.
Je regrette également que la dimension fantastique, bien présente, joue un rôle aussi mineur. En effet, elle est absolument anecdotique : l'histoire aurait pu être pratiquement identique sans cet élément surnaturel. Et cela aurait été mieux, à mon sens, car cela n'aurait pas donné l'impression d'être un aspect sous-exploité.
Made in France
Poursuivons avec l'habituel point technique. J'ai effectué l'essentiel du jeu sur Steam Deck et cela s'est globalement bien passé ; je n'ai souffert d'aucun crash, ni de ralentissement particulier. Le jeu est indiqué comme "compatible" et ce n'est pas usurpé. Cependant, comme cela arrive souvent avec ce support, le temps de jeu n'est pas correctement calculé et les succès ne se déverouillent qu'en relançant le jeu sur un PC traditionnel.
Par ailleurs, Lost Records propose un doublage intégral en français (en plus de celui en anglais), ce qui est très appréciable. Cependant, quelques défauts existent. Ainsi, il arrive que des lignes de dialogue soient dites en anglais et non en français. À part ça, le jeu est plutôt propre.
Tout ça pour ça
J'attendais avec impatience ce nouveau titre de Don't nod, dont j'ai apprécié tant de jeux : Life is Strange, Twin Mirror, Tell Me Why... Pourtant, cette fois, seuls les défauts me sautent aux yeux. Je déteste la protagoniste, l'utilisation de la caméra m'a rapidement paru désagréable, l'histoire principale ne m'a intéressé à aucun moment, les choix n'ont aucun impact réel, la pause forcée de deux mois n'a fait que casser le rythme... Vraiment, je ne comprends pas comment un tel jeu a pu naître.
Il n'est peut-être simplement pas pour moi, mais au vu de l'anonymat dans lequel le jeu est sorti, en dépit d'avis bien plus positifs que le mien sur Steam, j'ai l'impression qu'il ne peut toucher un public assez large pour être rentable. C'est surtout problématique pour Don't nod, qui doit massivement licencier en raison des contre-performances de ses jeux précédents. Espérons que ces échecs permettront au développeur français de repartir sur des bases saines.
Test réalisé sur PC (et sur Steam Deck) par Alandring grâce à une version fournie par l'éditeur.
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Plateformes | PlayStation 5, Windows, Xbox Series X|S |
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Genres | Aventure, aventure non linéaire, contemporain, fantasy |
Sortie |
15 avril 2025 |
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